Aujourd'hui, il faut souvent monter bien haut pour espérer voir la neige recouvrir le paysage. Certains s'en réjouissent, les désagréments sur la route en plaine sont par conséquent moins nombreux, d'autres s'en rappellent avec une certaine nostalgie.
Pourtant, il y a exactement 40 ans, les amoureux de la neige ont été servis: durant la matinée du 15 février 1985, une importante masse d'air arctique fait brusquement irruption en Suisse romande. S'il faisait encore 7°C en début de matinée, le thermomètre passe sous la barre du zéro en à peine quatre heures. Dès le lendemain, cette masse d'air glacial recouvre déjà une bonne partie de l'Europe.
Le ciel de toute la Suisse romande se retrouve alors recouvert d'une épaisse couche d'altostratus, un type de nuage qui se situe entre 2000 et 5000 mètres d'altitude. Ses couleurs ternes, grises et bleuâtres ne laissaient pas soupçonner un seul instant le chaos qui s'annonce. Le calme avant la tempête, littéralement.
Que la fête commence
Dès le début de la soirée du samedi 16 février, les flocons se font de plus en plus nombreux et la visibilité commence à baisser dangereusement. Peu après 20h, les chutes de neiges, jusqu'ici modérées, sont désormais qualifiées de «fortes» par l'observateur météo. A minuit, l'aéroport de Genève stoppe son activité et le trafic routier et ferroviaire se retrouvent gelés, dans tous les sens du terme.
Une véritable tempête blanche est en train de s'abattre sur la Suisse romande, avec des vents atteignant les 40km/h. La neige tombe à gros flocons durant toute la nuit, mais aussi durant toute la journée du dimanche 17 février. Cette frénésie nordique ne s'arrêtera que dans les alentours de 19h.
Ce 18 février 1985, les Romands commenceront leur semaine au cœur d'un paysage gelé, aux routes bien souvent impraticables. Il fait -6°C, même en plaine et les intempéries ont provoqué de lourds dégâts, notamment aux exploitations agricoles, par l’effondrement de nombreuses serres et de tunnels en plastique.
Mais cela apporte aussi son lot de fééries, avec des descentes à ski ou en luge le long des rues de Lausanne ou de Neuchâtel. Et pourquoi s'en priver? Les écoles sont fermées.
Encore possible aujourd'hui?
Personne ne regrette évidemment les dégradations de 1985, mais de nombreux passionnés de la neige se demandent encore parfois si celle-ci pourrait encore tenter un retour aussi puissant qu'en 1985.
Pour Elie Kirchner de Météo Suisse, même si ce scénario est peu probable, il n'est pas totalement impossible: «Même avec un climat qui se réchauffe indéniablement, nous ne sommes pas à l'abri de toutes les tempêtes, dont celles porteuses de flocons.» Le météorologue cite par exemple l'épisode récent de novembre 2024, où de nombreuses communes ont vu leurs records de cumuls journaliers de neige pour un mois de novembre battus, comme à Neuchâtel (13cm) ou à Lucerne (42cm).
Mais selon Elie Kirchner, ce qui change radicalement la donne aujourd'hui, c'est le fait que le froid ne reste pas chez nous bien longtemps. «En 1985, la neige avait réussi à tenir durant deux bonnes semaines. La différence aujourd’hui est criante, car à Lucerne, elle a fondu en trois jours seulement.»
Partir le plus vite possible
La semaine à venir sera synonyme de vacances pour de nombreux Vaudois. Si vous prévoyez de partir skier, ne tardez pas trop, car il fera beau mais un peu plus chaud d'ici les prochains jours.
«La semaine prochaine sera sèche, avec pas ou peu de précipitations, ce qui ne va pas aider la neige à se régénérer», conclut Elie Kirchner.