Swiss a présenté ce mercredi le meilleur résultat semestriel de ses 21 ans d'histoire: 2,5 milliards de chiffres d'affaires et 383 millions de francs de résultat opérationnel. «Je suis un directeur financier satisfait», s'est ainsi enthousiasmé Markus Binkert. Pour l'ensemble de l'année, «nous nous dirigeons vers un très bon résultat», poursuit-il.
Lufthansa et Austrian Airlines, deux compagnies liées à Swiss dans le cadre du partenariat Star Alliance, enregistrent, elles aussi, des résultats records – de même que l'alliance IAG (British Airways-Iberia) et Air France-KLM, qui enregistre un semestre tonitruant et s'attend à un résultat d'exploitation exceptionnel pour l'année.
Tout cela, quelques mois après les pertes catastrophiques de Swiss durant la pandémie, au premier trimestre 2022, estimées à 50 millions de francs. Mais que s'est-il donc passé depuis?
Une forte demande, une offre limitée
C'est très simple: la forte demande de voyages s'est heurtée à une capacité de vols limitée. Chez Swiss, cette capacité – qui tient compte des vols disponibles et des sièges dans chaque avion – est actuellement de 85%. La demande de billets, pratiquement au même niveau qu'en 2019, a ainsi créé une tension sur les réservations et sur les prix, qui ont fini par exploser: «Nous enregistrons actuellement des paniers moyens par passager assez élevés, parce qu'il y a beaucoup moins de billets à bas prix», explique Markus Binkert.
Face à cette conjoncture, il est peu probable que Swiss augmente ses possibilités de vol. Selon certaines rumeurs, les compagnies aériennes maintiendraient même volontairement des capacités de vol inférieures à ce qu'elles pourraient proposer, afin de générer des profits faramineux plus longtemps.
Mais Markus Binkert s'en défend: «Nous ne réduisons pas artificiellement notre offre.» Selon lui, la compagnie souhaiterait même proposer plus de vols, car au vu de la forte demande, chaque trajet supplémentaire rapporterait de l'argent. «Garder des avions au sol n'a pas de sens» poursuit le directeur financier.
Pas de baisse de prix prévue par Swiss
Pourtant, de nombreux avions de Swiss restent bel et bien cloués au sol actuellement. Les livraisons tardives d'avions et de pièces de rechange compliqueraient l'exploitation des engins. Mais d'ici 2024, Markus Binkert espère que la possibilité de vol atteindra son niveau de 2019.
Les prix seront-ils plus avantageux pour autant? Markus Binkert n'y songe même pas: «Les coûts supplémentaires élevés liés à nos investissements nous en empêchent.» Ces investissements concerneraient de nouveaux appareils et l'approvisionnement en biocarburant nécessaire pour atteindre les objectifs de durabilité que la compagnie a fixés. D'ici 2050, Swiss veut en effet atteindre un niveau net zéro d'émission de CO2.
A cela s'ajoutent des investissements en ressources humaines. En 2023, Swiss a en effet engagé 900 nouveaux personnels navigants, ce qui a gonflé les frais de personnel.
Selon Markus Binkert, le nombre de collaborateurs est toutefois inférieur à celui de 2019. Ce qui devrait théoriquement se répercuter sur les coûts – et donc les prix –, car moins de collaborateurs signifie aussi moins de charges salariales et administratives. Il n'y a pourtant aucun signe d'une baisse significative des prix pour l'instant.
Des coûts supplémentaires élevés
Malgré une grande stabilité des horaires de vol, Swiss doit également faire face à de nombreux retards. Cela engendre des coûts liés aux compensations dues aux passagers.
Sans compter les grèves: «Les coûts supplémentaires liés aux seules grèves se sont élevés au premier semestre à des dizaines de millions de francs dans le milieu de la fourchette» conclut ainsi Markus Binkert. On ose ainsi à peine imaginer ce qu'aurait été le résultat opérationnel de Swiss sans ces coûts supplémentaires...