26 fois non. Tel est le résultat d'un sondage réalisé lors de la dernière assemblée de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS). Les cantons devaient indiquer s'ils accueilleraient volontairement des réfugiés d'urgence de l'ONU. Il s'agit de cas particulièrement vulnérables: enfants traumatisés, mères célibataires, ou victimes de torture avec handicaps.
Selon les informations de Blick, tous les cantons ont refusé. La Suisse s'est pourtant engagée à accueillir chaque année quelques centaines de personnes nécessitant une protection particulière. Il s'agirait surtout de personnes originaires d'Afghanistan, du Yémen, de Syrie ou du Soudan. L'agence d'aide de l'ONU, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), propose des réfugiés à la Confédération, qui les sélectionne et les fait venir directement en Suisse par avion.
Interdiction d'entrée depuis 2023
Fin 2022 cependant, la ministre de la Justice de l'époque, Karin Keller-Sutter, a fait stopper temporairement les entrées. La raison était le nombre élevé de demandes d'asile et la charge qui en résultait pour les cantons.
Environ six mois plus tard, le Conseil fédéral a pris une décision: le programme sera poursuivi en 2024 et 2025, mais il ne sera activé qu'après concertation avec les cantons et les communes. Dans un communiqué de presse, le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) a annoncé que la Suisse pourrait accueillir jusqu'à 1600 personnes ayant besoin de protection durant cette période.
Avec le refus unanime des cantons lors de la CDAS en juin, les réfugiés de l'ONU n'auront plus qu'à attendre. Gaby Szöllösy, secrétaire générale de la CDAS, le confirme: aucun canton n'est actuellement en mesure d'accueillir des réfugiés de l'ONU en plus des défis déjà importants dans le domaine de l'asile. «Notamment parce que nous nous attendons à nouveau à un nombre très élevé de demandes d'asile en automne et en hiver», explique-t-elle. «Du point de vue de la CDAS et de ses membres, il s'agit d'un programme judicieux», conclut-elle.
Les différents cantons restent muets sur la question. Zurich ne souhaite pas commenter la décision. Le conseiller d'État sans parti Mario Fehr déclare: «Le domaine de l'asile est une tâche commune. Outre les cantons et les communes, la Confédération a donc aussi des obligations.» «Les raisons de ce non sont la charge importante et le manque de capacités d'accueil», ajoute un porte-parole de la direction bernoise de l'intégration.
2500 lits manquants
Les cantons croulent sous un nombre élevé de demandes d'asile. La Confédération, elle aussi, met les bouchées doubles pour trouver des places d'hébergement. Le SEM estime qu'il pourrait manquer jusqu'à 2500 lits à l'automne si aucune nouvelle place n'est créée d'ici là. De manière générale, la Confédération prévoit pour 2024 jusqu'à 30'000 demandes d'asile, soit à peu près le même nombre qu'en 2023, plus 17'500 demandes de statut de protection S déposées par des Ukrainiens.
Le fait que les répercussions pèsent sur les plus vulnérables pourrait toutefois susciter des critiques. Même si l'ONU elle-même fait preuve de retenue. Le HCR regrette certes que la Suisse ait suspendu le programme, mais il écrit aussi sur demande: «Nous comprenons les défis des cantons concernant les capacités d'accueil limitées et partons du principe qu'il s'agit d'une interruption temporaire.» Avec quelques centaines d'admissions par an, la contribution suisse au programme serait raisonnable, mais permettrait à de nombreuses personnes de mener une nouvelle vie dans la sécurité et la dignité.
Le ministre de l'Asile Beat Jans et la cheffe du SEM Christine Schraner Burgener pourraient exercer une pression sur les cantons. Cette dernière quittera prochainement son poste de secrétaire d'Etat. Pourtant, le sujet devrait continuer à l'occuper: elle aspire à prendre la tête du HCR, comme l'a récemment révélé Blick.