Suissesse piégée par un test
Au lieu de ses vacances, elle se retrouve en isolement

Une trentenaire argovienne a été vaccinée deux fois, en plus d'être guérie du Covid. Mais un test PCR positif l'oblige toutefois à renoncer à ses vacances et à rester à la maison en isolement. Peu importe si d'autres tests disent le contraire.
Publié: 12.08.2021 à 21:03 heures
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Dernière mise à jour: 12.08.2021 à 22:09 heures
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Maria B., d'Argovie, doit rester en Suisse au lieu de s'envoler à l'étranger. Bien qu'elle soit vaccinée, elle s'est rétablie et a été testée négative. En raison d'un test PCR positif, elle doit rester en isolement.
Photo: Zvg
Fabian Vogt

Maria B.*, 31 ans, aurait bien voulu être dans le désert à l'heure qu'il est. À Dubaï, plus précisément, une destination prisée par les jeunes durant cette pandémie. Pas de palmiers pour l'Argovienne, qui se retrouve en isolement après avoir été testée positive au Covid-19.

Jusque-là, rien d'extraordinaire. Normal, puisqu'il s'agit de la procédure. Sauf que le cas de cette jeune femme est un peu particulier. Tout d'abord parce qu'elle est guérie du Covid, qu'elle a contracté l'année dernière. Et qu'elle a été vaccinée deux fois.

Un test positif, quatre négatifs

La jeune femme pensait en avoir assez donné avec la pandémie. C'est donc l'esprit serein qu'elle s'est rendue au Centre de tests de Dübendorf, dans le canton de Zurich, peu avant de prendre l'avion pour les Émirats Arabes Unis. Une démarche de routine avec un «risque nul», selon elle. Raté.

Quelques heures plus tard, Maria reçoit un appel de la cellule de «contact tracing» du canton de Zurich: «Madame, vous êtes positive au Covid-19 et devez vous mettre dès maintenant en isolement.» La trentenaire tombe des nues. Est-ce possible? Encore le Covid? Son compagnon a pour sa part été testé négativement.

Pour en avoir le coeur net, la jeune femme fait un test rapide. Puis un deuxième. Puis un troisième. Négatifs. Le soir même, elle se rend à l'aéroport de Zurich, qui dispose d'un centre de test. Verdict le lendemain: négatif. Pour la quatrième fois consécutivement.

Valeurs de référence différentes?

L'Argovienne contacte l'équipe de «contact tracing» pour la confronter aux nouveaux résultats. Celle-ci en réfère aux services du médecin cantonal argovien: Maria doit rester en isolement, malgré les tests négatifs. Avec un avertissement à la clé; si elle se risque à prendre l'avion pour partir en vacances malgré tout, elle s'expose à de grosses conséquences.

La jeune femme se résout à rester chez elle, mais n'est pas convaincue pour autant. Comment se fait-il que des tests PCR réalisés à quelques heures d'intervalle affichent des résultats différents? Réponse de la cellule de «contact tracing»: la valeur de référence dans les centres peut varier. Ce chiffre donne la quantité de virus présente dans l'écouvillon. Concrètement, plus il est bas, plus le virus est présent et donc la personne testée susceptible d'être infectieuse.

Dans le cas de Maria, cette valeur se situait exactement à la limite entre une petite et une grosse charge virale. Soit entre «probablement contagieuse» et «probablement pas contagieuse». Doit-elle rester à la maison parce qu'il n'y a pas de valeur uniforme? Les centres de tests ont-ils le dernier mot? Interrogée, la direction zurichoise de la Santé nous a répondu: «Les laboratoires évaluent les résultats des tests individuellement. Dans des cas particuliers, par exemple lorsque la personne testée est guérie du Covid, la situation peut être réexaminée, de même que la valeur seuil».

L'écouvillon en cause?

On peut aussi voir les choses différemment: si la personne a une charge virale, le test est positif. C'est l'avis d'Otto Knes, directeur de Swiss Analysis, un laboratoire qui évalue les tests PCR. Et ce «peu importe la valeur obtenue».

Reste une interrogation. Alors que le test effectué à Dübendorf a révélé des résidus du virus, ce n'était plus le cas quelques heures plus tard à Zurich. Comment l'expliquer? «Les divergences pourraient être liées à l'écouvillon», avance Otto Knes. Selon la profondeur et l'endroit où le prélèvement a été effectué, les résultats peuvent varier.»

Si l'on se trouve au début d'une infection, les choses peuvent évoluer très vite, ajoute le directeur de Swiss Analysis. Qui assure toutefois que les différentes méthodes de mesures ne sont pas comparables dans leur efficacité. «Ce qui est sûr, c'est qu'une personne très contagieuse sera détectée quelle que soit la méthode. Même avec des tests rapides.»

Le canton se réfugie derrière l'OFSP

Maria n'était donc pas ou plus contagieuse, sinon les tests entrepris l'auraient montré et se seraient tous révélés positifs. Le problème? Malgré une grosse variance et le facteur humain qui peut troubler les résultats, il n'y a aucune marge de manoeuvre. «Les choses sont claires, ce sont les directives de l'OFSP: un test PCR positif conduit toujours à une mesure d'isolement», expliquent les autorités sanitaires argoviennes. Peu importe si la personne en question passe un, quatre ou cent tests négatifs dans la foulée.

Si la jeune femme avait fait son test directement à l'aéroport, elle aurait probablement pu partir en vacances. Elle aura finalement passé son début de mois d'août à la maison. «C'est un peu comme jouer à la loterie et perdre», rigole (jaune) Maria, pas trop rancunière.

Elle a plusieurs raisons de tourner la page: ayant contracté une assurance, elle devrait être remboursée l'argent de ses vacances. Et son employeur étant flexible avec le télétravail, elle a pu repousser son séjour à la date de son choix. Après son isolement.

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