Suissesse égorgée en Algérie
Mohamed Hamdaoui, élu d'origine algérienne: «C’est un cauchemar, c'est une telle injustice»

Originaire du sud de l'Algérie, le politicien romand Mohamed Hamdaoui (Le Centre/BE) a appris avec effroi le meurtre violent d'une touriste suisse sur sa terre natale le 11 octobre dernier. Au téléphone, l'élu fait part de sa colère et de sa consternation. Interview.
Publié: 23.10.2024 à 13:15 heures
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Dernière mise à jour: 23.10.2024 à 13:49 heures
Originaire du sud de l’Algérie, l’élu du Centre au Conseil de ville (législatif) de Bienne est consterné par ce meurtre qui survient dans une région qui commençait à s’ouvrir au tourisme.
Photo: KEYSTONE/Anthony Anex

«Un cauchemar absolu». Hier sur Facebook, Mohamed Hamdaoui a partagé son désespoir après le meurtre de la touriste suisse, égorgée le 11 octobre dernier à Djanet, principale ville du Sahara algérien.

Originaire de cette région du sud de l’Algérie, l’élu du Centre au Conseil de ville (législatif) de Bienne est consterné par ce drame qui survient dans une région qui commençait à s’ouvrir au tourisme. Au téléphone, il dit sa colère et sa tristesse. Interview.

Mohamed Hamdaoui, qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris le meurtre d’une Suissesse dans le sud de l’Algérie?
C’est un cauchemar. J’ai eu la chance de beaucoup voyager dans ma vie, mais croyez-moi, je n’ai jamais vu d’endroit aussi somptueux que le Tassili. Une région d’une beauté incroyable, qui apaise. Me dire qu’une de mes compatriotes, une Suissesse, a été égorgée dans cet endroit-là, ça me rend fou. C’est d’une telle injustice! C’est effroyable. Je sais très bien que je ne pourrais plus jamais proposer à mon entourage de découvrir cette magnifique région. On me répondra, «t’es fou, je ne veux pas me faire égorger».

Une région inscrite au patrimoine de l’Unesco qui s’ouvrait peu à peu au tourisme.
L’Algérie a traversé une longue guerre civile durant 10 ans, entre 1992 et 2002. Une «décennie noire» qui a opposé l’Armée nationale populaire (ANP) à divers groupes islamistes, causant la mort de 100’000 personnes. Mais cette région du sud de l’Algérie avait été épargnée par l’islamisme. Et cela faisait des années que les autorités algériennes tentaient de relancer cette filière touristique, de manière intelligente, en faisant la promotion d’un tourisme vert, de proximité, permettant de découvrir la culture des touaregs. Avec un drame pareil, tout va s’effondrer. 

Vous avez encore de la famille là-bas?
Bien sûr. Et certains travaillent notamment dans le tourisme. Je sais qu’ils vont en souffrir.

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Forcément, la publicité autour d’une touriste occidentale assassinée dans le pays va causer un dégât d’image terrible
Mohamed Hamdaoui, élu du Centre biennois (législatif), originaire du sud de l'Algérie
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Que pensez-vous du silence du Département des affaires étrangères (DFAE)?
Pour les avoir pratiqués, je sais qu’ils restent très souvent silencieux sur ce genre d’événements. Mais le silence le plus assourdissant vient des autorités algériennes, ces mêmes autorités qui martelaient que l’islamisme n’était plus un problème dans le pays. Forcément, la publicité autour d’une touriste occidentale assassinée dans le pays va causer un dégât d’image terrible. On comprend donc qu’elles n’ont pas envie de faire de vagues.

Vous avez des contacts sur place. Que vous ont-ils dit?
Une source m’a donné des informations sur le profil du meurtrier. Selon elle, il s’agirait d’un jeune un peu paumé qui viendrait de Chlef, une ville dans le nord du pays. Un jeune qui aurait voulu tenter sa chance dans le sud, en s’imaginant un eldorado, car dans cette région sont présentes des entreprises gazières ou minières. Et la mafia aussi… Cette source me dit que ce jeune passait tout son temps à la mosquée. Pas pour prier. Il restait prostré sur son téléphone portable.

Et vous avez davantage d’informations sur la touriste suisse?
Non. Mais j’aimerais bien entrer en contact avec sa famille. J’aimerais les inviter à boire un thé vert chez moi, leur dire que ce n’est vraiment pas dans la mentalité de la population algérienne et des touaregs de commettre des crimes pareils. Nous, les touaregs, sous notre djellaba, on ne cache pas des couteaux. On cache notre cœur.

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