La Suisse, nouveau terrain de chasse des discounters? Absolument. Dernier exemple en date: Stokomani. La chaîne française a ouvert cette semaine sa première filiale suisse au centre commercial Antzère, dans la commune de Conthey en Valais. Dans la liste des produits proposés: articles de mode et de maison, parfums, décoration et jouets: uniquement des fins de série reprises à bas prix auprès de grossistes et revendus bon marché.
Quelques semaines auparavant, c'est le néerlandais Action qui a annoncé son arrivée en Suisse. Sur son site internet, l'enseigne propose des centaines de produits à moins d'un franc. L'assortiment va des sous-vêtements aux poêles, en passant par l'outillage. Bref: absolument tout, sauf des produits alimentaires. Action a confirmé au portail en ligne Konsider que l'ouverture de sa succursale bâloise serait la première d'une longue série à travers toute la Suisse.
Les discounters étrangers disposent d'une force de frappe sans équivalent
Cette nouvelle concurrence pour Otto's, Radikal Liquidations, Tchibo et autres n'étonne guère: «Les discounters internationaux profitent d'une opportunité qui leur est désormais offerte en Suisse. En raison d'un renchérissement constant, les consommateurs se tournent de plus en plus vers des produits à bas prix» explique Nordal Cavadini, spécialiste du commerce de détail.
Mais l'explosion du coût de la vie n'est pas le seul facteur à avoir ouvert les portes du marché suisse aux discounters: «Comme les surfaces de ventes sont souvent inoccupées, ces enseignes étrangères trouvent aussi plus facilement des emplacements appropriés», explique le spécialiste, qui évoque également une autre raison: «Aujourd'hui, les consommateurs n'ont plus besoin d'être convaincus que ce qui est moins cher peut aussi être de bonne qualité.»
Certes: les discounters historiques établis de longue date sur le territoire ne doivent pas avoir peur. En tous cas, pas à court terme: «Il faut un certain temps pour vraiment s'implanter en Suisse», dit Nordal Cavadini. Mais ce dernier précise: «Dans les domaines des articles du quotidien non alimentaires et de la mode en Suisse, il y a un marché que des discounters comme Action et Stokomani essaient de combler.»
Par ailleurs, les nouvelles entreprises commerciales entrent souvent sur un marché avec une force de frappe et une solide réputation en termes de prix attractifs, selon Gianluca Scheidegger: «L'arrivée d'Action et de Stokomani correspond à l'évolution naturelle du commerce. Ces acteurs accaparent tout le segment des prix bas», explique le chercheur en consommation de l'Institut Gottlieb Duttweiler.
Dans le cas de Stokomani, une entreprise affiliée a même déjà pris les devants en Suisse: le magasin à bas prix Maxi Bazar est déjà présent depuis plusieurs années. Il existe près de 20 succursales sur tout le territoire.
Migros tente de contre-attaquer, en élargissant sa gamme de produits à bas prix
Le groupe Migros confirme que les ménages se tournent de plus en plus vers des produits moins cher: «Où peut-on économiser le plus facilement? Sur des produits standard ou des articles à bas prix», confie le chef de Migros, Mario Irminger dans une interview accordée à Blick.
Le géant orange en tient désormais compte: «Nous développons différents assortiments de produits, de sorte que les clients de toutes les classes sociales puissent s'approvisionner à la Migros selon leurs revenus.»