Le paysan l'a entendu chanter tout l'été durant des nuits entières. Mais son cri régulier semblable à une alarme a bien failli s'arrêter. À Moudon, cette bonne âme à l'oreille musicale a retrouvé au bord de la route un oiseau rarissime, percuté par une voiture, mais encore en vie: le petit-duc scops.
Une première pour le Centre de soins de la faune sauvage Erminea, qui l'a recueilli samedi et est en train de le soigner à Chavornay. De la taille d'une main, le petit hibou gris-brun souffre d'une luxation de l'épaule droite. «Son état général est bon, révèle la directrice Laélia Maumary. Mais s'il ne peut pas voler, on ne pourra pas le garder comme ça. Le but, c’est qu’il puisse repartir.»
Un chanteur solitaire qui traverse le Sahara
La survie du rapace migrateur dépend de sa capacité à reprendre son envol. «Pour le moment, il est en cageothérapie, explique la passionnée aux petits soins. C'est-à-dire qu'il est au calme dans une caisse fermée et sombre. Il a un bandage, donc il ne doit pas essayer de bouger.»
Ses 19 à 21 centimètres font de lui le «plus petit des hiboux» européens, avance la responsable du refuge. Elle nous conseille de contacter son frère Lionel Maumary pour en savoir plus. «Le meilleur ornithologue de Suisse», rigole-t-elle. «Il s'agit d'un mâle chanteur solitaire, ajoute le professionnel. Et c'est le seul rapace nocturne qui traverse le Sahara pour passer l'hiver.»
Plus au nord grâce au réchauffement climatique
Le hibou petit-duc, ou otus scops, est plutôt un habitué des régions méditerranéennes, notamment de la Corse. «Normalement, il n’y en a pas du tout dans la région, signale la fondatrice de l'hôpital romand des animaux sauvages. Mais un autre a été entendu à La Sarraz. C'est assez incroyable!»
«C'est lié au réchauffement climatique, affirme Lionel Maumary. Il en profite pour étendre sa zone de reproduction.» Le petit noctambule aux gros yeux jaunes avait presque disparu de nos contrées suite à la disparition progressive des vergers et à l'utilisation du DDT comme insecticide dès les années 1930.
Des dons pour des soins
Erminea fait régulièrement face à des soucis financiers. C'est pourquoi cette structure unique en Suisse romande fait appel aux dons afin de prodiguer les soins vétérinaires adéquats. Sur la page concernant notre oiseau rare, l'association enjoint le public à les «aider à sauver ce petit rapace rare et contribuer au maintien de son espèce dans la nature!»