C’est une information qui n’est pas passée inaperçue. Dans leurs éditions du week-end, les titres romands de Tamedia révélaient qu’à Lausanne, certaines figures de la mobilisation étudiante pro-palestinienne soutiendraient des organisations terroristes comme le Hamas ou des pays comme l'Iran.
Parmi elles, Mountazar Jaffar, conseiller communal PS (législatif) de la Ville de Lausanne et doctorant en sciences politiques à l’Université de la Lausanne (UNIL), qui affiche sur X (anciennement Twitter) son soutien aux actions de la résistance armée palestinienne et de certains de ses alliés comme l’Iran, révèle l’enquête.
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Des «likes» qui interrogent
Signataire aux côtés de 375 enseignants de la pétition soutenant l’occupation du hall de Géopolis par les étudiants de l'UNIL et co-auteur de la tribune «Critiquer l'État d'Israël n'est pas antisémite», publiée sur notre plateforme, le socialiste lausannois de 29 ans aurait eu le pouce trop leste avec ses likes sur le réseau social X (anciennement Twitter) depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas sur Israël.
Parmi les publications likées par Mountazar Jaffar, identifiées par l’enquête de Tamedia, on peut trouver celles du guide suprême de la République islamique d’Iran, Ali Khamenei, et notamment celle du 23 janvier: «Dieu montrera la victoire au peuple de Gaza dans un futur proche, et cela réjouira le cœur des musulmans.»
Mais aussi un post relayant une déclaration des talibans (24 mars) prônant l’envoi de 400’000 hommes en Palestine afin de détruire l’Etat hébreu. Ou encore une image de synthèse montrant un drapeau israélien flottant sur l’Elysée posant cette question: «La France est sous tutelle sioniste. Êtes-vous d’accord?»
Il ne se souvient pas de tout
Interrogé par le journaliste de Tamedia, Mountazar Jaffar prétend ne pas se souvenir de l’ensemble de ses likes, en raison d’une grande activité sur X. Une activité qui n’aurait rien d’antisémite, selon les termes rapportés dans l’article. L’élu socialiste lausannois ajoute réfuter catégoriquement l’étiquette d’islamo-gauchiste et souligne avoir condamné l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Pour terminer, il justifie son engagement pro-palestinien par son histoire personnelle: «Je suis Suisse d’origine irakienne, j’ai de la famille qui a été tuée, j’ai été victime de l’impérialisme américain.»
Ce n’est pas la première fois que les prises de positions de Mountazar Jaffar suscitent de vives réactions. Et, en ce début d’année, les affaires semblent s’accumuler.
En février, il avait dézingué la police sur les réseaux sociaux, à la suite de la prise d’otages dans un train vers Yverdon-les Bains — qui s’était soldée par la mort de l’assaillant abattu par la police — avant de discrètement supprimer sa publication et de rétropédaler, comme le rapportait Blick. En mars, l’élu avait passablement irrité son parti avec une publication sur X. Sur son profil, il avait réagi à l’agression d’un juif orthodoxe, samedi 2 mars à Zurich, pour des motifs antisémites et sur fond de terrorisme.
Dans le texte, le conseiller communal lausannois déplorait le renforcement de l’antisémitisme, causé, selon lui, par «le terrorisme israélien». Il faisait aussi un rapprochement entre l'agression de Zurich, 11 septembre 2001 et l'attaque de Charlie Hebdo en 2015, qui, toujours selon ses termes, ont «fait exploser l'islamophobie». Le Parti socialiste suisse (PSS) s’était contenté d’une réponse laconique adressée à Blick: «Nous condamnons fermement tout antisémitisme. La formulation du tweet n’est pas appropriée.»
L'affaire de trop?
Cette affaire des likes sera-t-elle celle de trop pour Mountazar Jaffar? Preuve que l’histoire est prise au sérieux, les présidents du PS Lausanne, Sarah Neumann et du PS Vaud, Romain Pilloud, ont convoqué le principal concerné ce lundi à 13 heures. «Les positions pro-palestiniennes de Monsieur Jaffar s’inscrivent dans la ligne défendue par les socialistes. En revanche, avec ses likes sous des posts appelant indirectement la destruction d’Israël ou soutenant des régimes autoritaires, il a clairement franchi une ligne rouge», indique Sarah Neumann à Blick.
D’où l’ouverture d’une procédure disciplinaire à l’encontre du conseiller communal lausannois qui sera traité par le comité directeur du PS Vaudois. Que risque Mountazar Jaffar? «Un blâme ou une exclusion, mais on s’achemine plutôt vers le blâme, nous répond Romain Pilloud. Il a reconnu une erreur d’appréciation pour laquelle il a présenté des excuses. Ses likes sont une erreur. Son intention n’était ni de soutenir des régimes autoritaires, ni la destruction d’Israël», poursuit le président du PS Vaud. Avant d'ajouter: «On peut et on doit se montrer critique à l'égard de la politique israélienne et se positionner aussi contre l'antisémitisme. Cependant, des likes laissant suggérer un soutien à des régimes dictatoriaux... On ne peut pas laisser passer ça.»
De son côté, Mountazar Jaffar nous a fait savoir qu’il ne répondrait pas aux médias, laissant le parti s’exprimer d’une seule voix. Dans l’intervalle, il a supprimé l’onglet permettant de retracer ses likes sur son profil X.