Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis s'illustre sur le territoire national. Après les intempéries dans les Grisons et au Tessin, le conseiller fédéral a su trouver le ton juste. Il s'est calmement adressé aux personnes touchées, avec empathie et chaleur, pour les réconforter. Il est parvenu à communiquer l'espoir. En tant qu'homme d'État, Ignazio Cassis trouve ici sa véritable vocation.
Sur la scène politique internationale, la Suisse se montre aussi plus courageuse que précédemment. «Nous avons rarement pris un tel risque et je suis fier que nous ayons eu le courage de le faire», a commenté le chef de la diplomatie Gabriel Lüchinger sur la SRF à propos du sommet du Bürgenstock.
Cassis, le courageux: en dépit de tous les mauvais augures, la diplomatie suisse est sollicitée dans le monde entier. Récemment encore, le Niger, le Mexique et l'Équateur ont fait appel aux bons offices de la Suisse. Et avec l'élection d'Alain Berset au poste de secrétaire général du Conseil de l'Europe, la Suisse a remporté un nouveau succès diplomatique.
Cassis s'en tient au plan pour l'Afghanistan
Ignazio Cassis fait aussi preuve de courage en Afghanistan: il maintient encore son projet d'ouvrir cette année une antenne de la Direction du développement et de la coopération (DDC) à Kaboul. Tout le contraire de l'Allemagne: cette semaine, Berlin a annoncé la fermeture du bureau de l'Association pour la coopération internationale à Kaboul d'ici à 2025 pour des raisons de sécurité, mais aussi en raison de l'absence de perspectives de parvenir à quelque chose sous le régime des talibans.
Malgré tout, la détermination de Cassis sur la scène internationale ne correspond pas à l'état d'esprit du DFAE. Même au cours de sa septième année à la tête du département, le Tessinois reste étranger à ses diplomates. Plusieurs émissaires rapportent que le conseiller fédéral trie les diplomates par familiarité. Il appelle quelques favoris ou leur envoie des messages personnels, mais la plupart n'ont pas accès au chef. Les ambassadeurs expérimentés occupant des postes importants se voient parfois répondre que Cassis n'est pas disponible et qu'ils doivent se contenter de ses collaborateurs personnels.
«La culture de travail au DFAE est mauvaise»
Ignazio Cassis, médecin de profession, ne marque même pas de points sur le thème de la santé. En 2019, il s'est aventuré en terre inconnue en engageant sa propre médecin d'entreprise. Après six mois en poste, celle-ci a rédigé un rapport impitoyable et a donné sa démission. Le poste n'a jamais été repourvu.
Sur le papier, la santé des diplomates se porte bien. Bien que les collaborateurs du DFAE évoluent souvent hors de leur zone de confort avec des mutations, des guerres et des conflits, ils ont moins de jours de maladie que la moyenne de l'administration fédérale. L'année dernière, on y comptait en moyenne 7,6 jours de maladie par poste à plein temps. Avec 5,6 jours de maladie, les collaborateurs du DFAE semblent en bien meilleure santé.
Pourtant, le jugement du médecin d'entreprise est accablant: «La culture du travail au DFAE est – d'un point de vue médical – mauvaise», constate son rapport confidentiel publié en 2019. Le stress et le surmenage sont des sujets tabous. Les supérieurs feignent la compréhension, «alors que les collaborateurs sont classés après coup comme peu résistants au stress et subissent des conséquences négatives». Les cas sont «discutés publiquement» (ce qui équivaut à une «culture du commérage»), critique la médecin.
Au lieu d'un esprit d'équipe, «le favoritisme et le manque de transparence» règnent au DFAE, déplore un collaborateur: «La véritable direction est remplacée par des cercles de pouvoir», assure-t-il. Un autre critique: «De nombreux supérieurs pratiquent une culture de direction qui consiste à détourner le regard, à s'asseoir et à faire preuve d'opportunisme, afin de dissimuler des problèmes qui se retourneraient contre eux en tant que supérieurs.»
Ignazio Cassis n'a pas voulu présenter de condoléances
Dans la bande de Gaza, un cas révélé récemment en dit long sur la conception que Cassis se fait du devoir d'assistance. La DDC y emploie quatre employés locaux. Depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, Israël a riposté. J. A.*, collaborateur de la DDC, a perdu sa femme de 43 ans et ses deux fils de 18 et 8 ans. Un autre fils et une fille ont survécu et ont été hospitalisés.
Selon une enquête de Blick, Ignazio Cassis n'a pas voulu présenter ses condoléances à J. A. Ce n'est que sous la pression du personnel qu'il a écrit dans une lettre: «Soyez assuré de notre soutien.» Mais le soutien du DFAE a été de courte durée. C'est justement le collaborateur qui a été le plus durement touché sur le plan familial qui se retrouve sans emploi. Après notre article, il a en outre été muselé, indique-t-on à la DDC.
Un «climat de peur»
De son côté, le DFAE dément que J. A. ait été sanctionné pour des propos tenus dans les médias: «On ne peut pas parler de sanction. Au contraire. Le DFAE s'est fortement engagé en faveur des collaborateurs locaux à Gaza. Il a veillé à ce que les collaborateurs puissent quitter les lieux. Ils continuent de recevoir leur salaire et des solutions individuelles ont été recherchées. Là où aucune solution individuelle n'a pu être trouvée, les collaborateurs reçoivent un soutien supplémentaire équivalent à six mois de salaire.»
La réponse du DFAE indigne les collaborateurs de la DDC: «Ce que le ministre des Affaires étrangères et la directrice de la DDC entendent par 'devoir d'assistance' est un scandale. Ils laissent tomber un collaborateur méritant dans une situation dramatique», déclare un collaborateur de la DDC qui souhaite rester anonyme en raison d'un «climat de peur» qui s'installe.
«Pas de prise de responsabilité»
Le DFAE souligne qu'Ignazio Cassis ne décide pas lui-même des contrats de travail des collaborateurs locaux. Dans l'expertise du médecin du travail, on trouve un parallèle approprié à ce sujet: «Absence de soutien de la part de l'institution et pas de prise de responsabilité», est-il relevé. Ambiance.
* Nom connu