Sommes-nous vraiment seuls?
L'EPFZ travaille sur un télescope pour trouver des signes de vie dans l'univers

L'EPFZ développe un télescope révolutionnaire pour détecter la vie extraterrestre. Le projet 'Life' vise à examiner systématiquement les exoplanètes, avec des résultats statistiquement significatifs même en l'absence de découvertes positives.
Publié: 17:50 heures
Daniel Angerhausen est le premier auteur de l'étude.
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ATS Agence télégraphique suisse

Des télescopes conçus pour rechercher systématiquement la vie sur d'autres planètes sont en cours de développement. Des chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) prévoient d'en construire un appelé «Life» ("Vie").

Des chercheurs de l'EPFZ se sont penchés sur la question de savoir combien de planètes situées en dehors de notre système solaire devaient être examinées pour pouvoir tirer des conclusions statistiquement significatives sur l'abondance de la vie. Leur étude a été publiée lundi dans la revue spécialisée The Astronomical Journal.

Se basant sur des méthodes statistiques, les scientifiques ont montré que même la découverte de rien c'est déjà quelque chose. L'observation de quelques dizaines de planètes sans indices de vie suffit pour pouvoir tirer des conclusions statistiquement significatives.

Une détection positive changerait tout

«Une seule détection positive changerait tout», explique à l'agence Keystone-ATS Daniel Angerhausen, premier auteur de l'étude. «Mais même si nous ne trouvons pas de vie, nous pouvons quantifier à quel point les planètes avec des biosignatures détectables pourraient effectivement être rares ou fréquentes».

Selon l'étude, si les scientifiques examinent 40 à 80 planètes et ne trouvent pas le moindre signe de vie, ils pourraient alors affirmer avec 99 % de certitude que pas plus de 10 à 20 % des planètes abritent une vie détectable. «Mais nous ne sommes pas sûrs à 100 % de l'absence de vie sur chaque planète», reconnaît Daniel Angerhausen. Cette incertitude doit être prise en compte.

Il est donc important de poser les bonnes questions. «Si nous ne sommes pas prudents et si nous avons trop confiance en nos capacités à identifier la vie, même un grand sondage pourrait conduire à des résultats trompeurs», précise le scientifique de l'EPFZ.

Pour notre galaxie, la Voie lactée, 10 % correspondrait tout de même à environ dix milliards de planètes abritant potentiellement la vie. Selon l'EPFZ, ce type de résultats permettrait aux chercheurs de fixer une limite supérieure pertinente à la présence de vie dans l'univers.

«Une des plus grandes questions»

Actuellement, il n'est pas possible de dire quelle est la probabilité de l'existence de vies extraterrestres. Les incertitudes sont grandes. «C'est probablement l'une des plus grandes questions qui soient», souligne Daniel Angerhausen.

La première planète hors de notre système solaire a été découverte en 1995 par les chercheurs genevois Michel Mayor et Didier Queloz, ce qui leur a valu le prix Nobel de physique en 2019. Depuis, environ 7000 autres exoplanètes ont été découvertes.

Daniel Angerhausen est persuadé qu'on trouvera de la vie sur d'autres planètes, notamment grâce aux nouveaux télescopes. «Mais il se peut aussi que nous soyons tout seuls».

La mission spatiale «Life» (Large Interferometer for Exoplanets) de l'EPFZ en est encore au stade de la planification. La mission prévoit de placer cinq petits satellites dans la zone de l'espace où est stationné le télescope James Webb. Ensemble, ces satellites formeront un grand télescope qui servira d'interféromètre pour mesurer le rayonnement des exoplanètes dans le domaine infrarouge.

Détecter des composés chimiques

Le spectre de la lumière permettra ensuite de déduire la composition des exoplanètes et de leur atmosphère. Le but est de détecter des composés chimiques qui pourraient indiquer la présence de vie.

Dans une étude réalisée l'année dernière, des chercheurs de l'Université de Zurich et de l'EPFZ ont pu démontrer que la technologie prévue pour «Life» permettrait d'identifier des planètes propices à la vie. Ils ont utilisé la Terre comme objet de test.

Dans les spectres infrarouges de la Terre, les chercheurs ont découvert des concentrations de gaz comme le CO2, l'ozone, le méthane et l'eau. Autant d'indices de conditions favorables à la vie.

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