Sur Snapchat, on ne partage plus seulement des selfies. On recrute aussi des ados pour escroquer des seniors. Et ces «petites mains» sont embrigadées de plus en plus jeunes.
A Genève, six mineurs âgés de 14 à 17 ans ont été arrêtés depuis janvier pour leur implication dans des arnaques aux faux policiers. Dix-sept autres personnes interpellées sont âgées de 18 à 35 ans. Les mineurs sont domiciliés sur le territoire genevois ou dans la région.
Besoin de «coursiers»
Quinze auteurs appréhendés viennent de France. Les réseaux d'arnaqueurs semblent être basés principalement chez notre voisin. D'où la nécessité de recruter des locaux pour la phase finale de l'arnaque.
Le réseau Snapchat, conçu à l’origine pour partager des photos éphémères entre amis, est devenu l'outil favori des escrocs pour recruter des coursiers. «Les offres sont souvent très alléchantes, avec la promesse d’un gain rapide et sans effort», explique Aline Dard, porte-parole de la police genevoise et experte en prévention. Il n’est évidemment pas précisé qu’il s'agit d'une escroquerie.»
Offre trop alléchante
Les jeunes sont attirés par des promesses de 250 à 300 francs pour une mission express: récupérer une enveloppe chez un particulier par exemple. Généralement une personne âgée.
A l’intérieur, cartes bancaires et codes PIN, collectés par les «cerveaux» auprès des seniors qu'ils ont ciblés et manipulés au téléphone. «Ce genre d’offre sur les réseaux doit faire tilt dans l’esprit des utilisateurs: une grosse somme pour une toute petite tâche, c’est louche», avertit Aline Dard, qui évoque désormais le sujet lors de ses séances de prévention dans les écoles.
Naïf ou complice, la loi ne fait pas de différence
Les jeunes qui se sont laissés berner par des annonces floues sont tout de même condamnables: en acceptant de récupérer une enveloppe au domicile d’un particulier, ils s’exposent aux sanctions prévues pour participation à une fraude.
Certains, en revanche, ne peuvent pas prétendre à la naïveté. Notamment lorsqu’on leur demande de se présenter directement chez les victimes, déguisés en faux policiers avec un insigne de pacotille. «Dans ce cas de figure, il devient très difficile de justifier qu’on ne savait pas», souligne Aline Dard, porte-parole de la police genevoise.
La Suisse romande face à une explosion d'arnaques
Heureusement, certains seniors commencent à flairer l'arnaque. Il faut dire que l'escroquerie à la «fausse qualité» fait rage depuis le début de l'année. Faux policiers, faux assureurs, faux banquiers... Plusieurs métiers sont usurpés, pourvu qu'ils fassent autorité pour parler sécurité ou argent. Dernièrement, une dame de 83 ans a permis l'arrestation en flagrant délit de deux jeunes hommes à Genève.
Et la vague ne s’arrête pas aux frontières genevoises. Dans le canton de Vaud aussi, la situation devient critique. En seulement quatre mois, la police a recensé 397 de ces arnaques, dont 103 ont permis de détrousser des seniors.