Plus de 8500 personnes sont descendues dans la rue dans huit villes suisses, a indiqué vendredi en soirée l'organisation Grève du Climat. A cette occasion, elles ont exigé qu'«aucune centrale à pétrole ni aucun terminal de gaz liquéfié ne soient construits, que l'électricité soit reconnue comme un droit humain et répartie équitablement et qu'un impôt sur les bénéfices excédentaires finance des transports publics bon marché».
Quelque 300 personnes ont ainsi marché pour le climat dans les rues de Sion en fin d'après-midi. Plus tôt dans la journée, le public a pu s'informer sur la thématique et les solutions pour réduire leur impact carbone via une vingtaine de stands dressés sur la place de la Planta.
«Ecocide = Génocide»
Le cortège s'est ébranlé vers 16h30 derrière une banderole jaune frappée du slogan «Ecocide = Génocide». Les manifestants, essentiellement des jeunes mais aussi des familles, ont défilé en scandant «1, 2, 3 degrés, c'est un crime contre l'humanité» ou encore «Les petits pas, ça suffit pas!» Ils ont notamment revendiqué l’interdiction des ventes de voitures thermiques neuves et l’abrogation des chauffages fossiles.
A Berne en début de soirée, plusieurs centaines de personnes ont défilé sur la Waisenhausplatz. Le mouvement écologiste exige aussi que la consommation d'énergie soit réduite en cas de pénurie, et que les branches économiques qui en utilisent beaucoup diminuent partiellement leur activité.
Là aussi, la manifestation rassemblait surtout des jeunes: «J'observe un rajeunissement des participants», a déclaré Myriam Roth, politicienne locale biennoise des Verts, à l'agence de presse Keystone-ATS.
Des militants contre Credit Suisse à Genève
Elles étaient quelques milliers à Zurich à défiler en vieille ville, et quelque 200 à Aarau, selon des journalistes de Keystone-ATS.
A Genève, une vingtaine d'activistes du climat se sont rendus devant Credit Suisse à 18h00. Ils ont dénoncé les investissements écocides de la banque à travers une remise de prix symbolique du Prix de la meilleure nature morte.
Des photos ont été exposées. Elles ont notamment mis en scène les dommages environnementaux soutenus par la banque en Argentine ou au Texas à travers des projets gaziers, en Colombie ou au Pérou avec l'expansion minière de Glencore ou encore l'espoir du jury avec le mégaprojet pétrolier EACOP de TotalEnergies en Ouganda.
A Lausanne, une poignée de militants s'est rassemblée autour d'un pique-nique canadien, tandis que la Grève du Climat était aussi présente ce vendredi à Bâle, Lucerne, St-Gall et Neuchâtel.
Trois mesures principales demandées
En matinée, le collectif de la Grève pour le climat suisse s’est exprimé devant les médias à Berne à l’occasion de la Journée internationale de Grève pour le climat.
«Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le terme de crise énergétique est sur toutes les lèvres. Or, il ne s’agit pas de crise énergétique générale, mais de crise fossile et nucléaire», a relevé le représentant valaisan Corentin Mottet. Le Conseil fédéral, qui a «déjà échoué à amorcer un changement socio-écologique lors de la crise du coronavirus», doit maintenant agir pour «briser la vague fossile», soulignent les grévistes.
La Grève pour le climat incite à diminuer la consommation d’énergie et à accroître les énergies renouvelables, «qui tournent indépendamment de la situation politique mondiale». Pour cela, trois mesures principales figurent à l’agenda des militants.
Travailler moins pour polluer moins
Ceux-ci demandent en premier lieu un moratoire sur la construction et l’exploitation de centrales à énergies fossiles comme celles de Birr (AG), Cornaux (NE) et Monthey (VS). A la base des revendications figure le terminal de gaz naturel liquéfié de Muttenz (BL), contre lequel le collectif invite à manifester le 25 mars.
Autre objectif, l’amorce d’un tournant énergétique via la rénovation de bâtiments et la construction d’infrastructures solaires et éoliennes. Une cible atteignable à condition d’avoir une main-d’œuvre suffisante, souligne le collectif, qui exige donc que les capacités de formation soient «fortement augmentées» dans les secteurs concernés.
Ces mesures doivent être mises en place dans une perspective socio-environnementale, insistent-ils. Selon eux, une réduction du temps de travail doit permettre une baisse des émissions de CO2 et de la consommation d’électricité.
(ATS)