Initiative sur les glaciers
L'UDC échoue à retarder l'instauration d'objectifs climatiques

Le contre-projet à l'initiative sur les glaciers a franchi mardi une première étape au National. Les députés ont rejeté plusieurs attaques de l'UDC, visant à empêcher ou retarder l'instauration d'objectifs climatiques. Les débats se poursuivent.
Publié: 14.06.2022 à 10:55 heures
Christian Imark à la tribune du Conseil national ce mardi 14 juin 2022.
Photo: keystone-sda.ch

L'initiative populaire a déjà fait beaucoup parler d'elle. Les associations à l'origine du texte ont organisé des excursions dans les montagnes pour dénoncer la disparition des géants blancs. Des drapeaux et des autocollants fleurissent en outre sur les balcons ou les vélos des Suisses.

Objectifs intermédiaires pour 2040

L'objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2050 demandé par les initiants est peu disputé. C'est le chemin pour y arriver, en particulier l'interdiction des carburants et des combustibles fossiles (huile, gaz, essence ou diesel), qui divise.

Le National ne veut pas aller aussi loin. En mars, il a rejeté de justesse l'initiative au profit du contre-projet direct du Conseil fédéral, offrant ainsi suffisamment de temps à sa commission compétente pour élaborer son propre contre-projet. Indirect, il a l'avantage de fixer des objectifs concrets directement dans la loi et ainsi d'accélérer le processus législatif.

D'ici 2050, les secteurs du bâtiment et des transports ne devront plus émettre de CO2, et celui de l’industrie devra réduire ses émissions de 90%. Les émissions restantes devront être compensées. Un objectif intermédiaire est aussi fixé: la Suisse devra réduire ses émissions de 75% par rapport à 1990 d'ici 2040. Plusieurs instruments d'encouragement sont envisagés.

«Loi pour l'eau gelée»

Seule l'UDC s'est opposée au texte. Il ne faut pas faire de loi «pour l'eau gelée, mais pour les gens», a critiqué Michael Graber (UDC/VS). La population a rejeté, il y a un an, la loi sur le CO2, dont les objectifs sont quasiment identiques au contre-projet. «Elle ne veut pas d'objectifs sectoriels, ni d'objectifs intermédiaires.»

Accepter le contre-projet serait anti-démocratique. Il passerait outre la volonté du souverain, a continué le Valaisan, qui juge par ailleurs le contre-projet inutile pour sauver les glaciers. «Les glaciers ne sont même pas mentionnés dans le texte.»

Pour Pierre-André Page (UDC/FR), il faut avancer, mais pas comme le préconise le contre-projet indirect. «Les objectifs et les mesures proposés sont disproportionnés et inacceptables du point de vue des dépenses. Elles coûteraient des milliards aux citoyens.»

Entreprises et citoyens travaillent déjà dans ce sens, a ajouté le Fribourgeois. Ils changent par exemple leurs installations fossiles pour des pompes à chaleur. Mais les stocks ne sont pas suffisants et la main-d'oeuvre vient à manquer. «Laissons-les remplacer les installations à leur rythme», sans imposer d'objectifs stricts.

Catastrophe en vue

«Le contre-projet indirect n'est pas parfait. Mais il met la Suisse sur de bons rails», a contré Delphine Klopfenstein Broggini (Vert-e-s/GE). «Le GIEC sort rapport après rapport, et ses constats sont glaçants. Si nous n'inversons pas la tendance, nous fonçons droit vers la catastrophe.»

«Nous nous trouvons dans une crise climatique sans précédent, que nous avons nous-mêmes causée», a abondé Ursula Schneider Schüttel (PS/FR). Il y a un lien direct entre le réchauffement global et l'augmentation des événements extrêmes, comme les canicules, les sécheresses ou les précipitations extrêmes.

«Il faut agir de toute urgence. Les demi-mesures ne sont plus possible», a continué la Fribourgeoise. «Nous devons prendre nos responsabilités envers nos enfants», a aussi plaidé Céline Weber (PVL/VD). «Nous n'avons pas le droit d'échouer. Ne prenons pas le risque de devoir sortir des albums photos pour montrer à nos enfants ce qu'était un glacier.»

«Les problèmes ne disparaissent pas en fermant les yeux», a souligné quant à elle Priska Wismer-Felder (C/LU). «Il est temps de les résoudre. Il ne faut pas attendre qu'ils s'aggravent.» Le contre-projet indirect est la bonne solution, et la plus rapide, pour répondre à l'un des problèmes les plus urgents de l'époque.

Matthias Samuel Jauslin (PLR/AG) a également salué un texte pragmatique, qui définit des mesures concrètes. Et d'appeler ses collègues à aller de l'avant en l'acceptant.

Ampleur des objectifs discutée

Au final, le National est entré en matière par 135 voix contre 52. Il a ensuite rejeté, par 138 voix contre 52, une demande de Thomas Aeschi (UDC/ZG) de renvoyer le projet à la commission préparatoire pour qu'une consultation soit menée.

«Une consultation n'apporterait aucune nouvelle information. La position des milieux concernés est déjà connue, car plusieurs consultations ont été menées sur le sujet», a rappelé Roger Nordmann (PS/VD) pour la commission.

Les débats devraient maintenant se concentrer sur l'étendue des objectifs. L'UDC a déposé plusieurs minorités visant à les réduire au minimum, alors que la gauche les veut plus ambitieux.

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