«Le montant du chiffre d'affaires ne veut rien dire, c'est le bénéfice qui compte.» «Comment un politique peut se permettre un tel amalgame?» «Est-ce de l'ignorance (j'en doute) ou de la mauvaise foi intentionnelle à des fins politiques?» Sur LinkedIn, les commentaires se multiplient sous un post du conseiller aux États Mauro Poggia, membre du MCG (Mouvement citoyens genevois), publié mardi.
Mercredi, l'élu a réitéré ses propos sur les plateformes de Blick. Le politicien s'insurge contre les quelque 32 milliards de francs de chiffre d'affaires réalisés par Migros en 2023, alors que la population doit se serrer la ceinture. Le bénéfice, quant à lui, ne sera connu que d'ici à la fin mars. Conséquence: des internautes l'accusent de «populisme» ou de confondre chiffre d'affaires (total des ventes) et bénéfice, deux notions «basiques» en économie.
Retour à l'envoyeur
Afin de réfuter ces accusations, Mauro Poggia a à nouveau publié sur le réseau social professionnel, dans la nuit de mercredi à jeudi. «Je tiens à remercier tous les économistes de l’Académie LinkedIn qui m’ont expliqué qu’il ne fallait pas confondre chiffre d’affaires et bénéfice. Il est vrai que j’avais oublié, ironise-t-il. Cela étant, pour leur édification personnelle, je les invite à lire ce rapport de la Fédération romande des consommateurs sur les marges de Migros et Coop.» En fichier joint, on retrouve donc ledit rapport, datant de 2022, mentionnant que «les marges au niveau du groupe Migros s’élevaient à 39% l’an dernier».
Contacté par Blick ce jeudi, l'ex-conseiller d'État précise encore: «Effectivement, on ne connaîtra le bénéfice réel qu'à la fin mars, donc on peut toujours attendre avant de réagir. Mon post visait à susciter une réflexion.» D'ailleurs, l'annonce du bénéfice ne changera pas grandement la donne, selon lui. «Je peux déjà parier qu'ils nous présenteront un montant qui ne nous fera pas sauter au plafond. Entre les provisions, les débiteurs douteux et j’en passe, les astuces sont nombreuses pour faire en sorte que les résultats soient présentables. Et même si finalement Migros ne retire que 1,5 à 2% de bénéfice par rapport au chiffre d'affaires, comme certains responsables tendent à le dire, ça reste colossal.» À titre d'information, le bénéfice pour l'année 2022 s'était élevé à 459 millions de francs.
L'ancien conseiller national termine en soulignant que Migros pourrait proposer davantage d'opérations pour venir en aide aux personnes dans le besoin. «Migros peut réduire ses marges en payant mieux les producteurs ou en proposant des prix plus bas pour ce qui est des produits de première nécessité.»
Migros se défend
Joint mercredi par Blick, le porte-parole du géant orange Tristan Cerf avait assuré d'entrée de jeu que «la rentabilité de Migros est minime. N'excédant pas les 2% du chiffre d'affaires, les résultats correspondent tout à fait à la rentabilité d’une coopérative». Le communicant justifiait ces chiffres par l'impact direct de la hausse des prix en rayon, notamment due à l'augmentation du coût des matières premières et de l'énergie.