C'est un chiffre qui en choquera peut-être parmi vous, mais qui peut malheureusement paraître assez logique pour les plus malchanceuses: selon une récente enquête représentative de l'assurance-malade Groupe Mutuel, un niveau de douleur estimé à huit sur dix est ressenti par une femme sur cinq en Suisse, mois après mois, lorsqu'elle a ses règles. En moyenne, les personnes interrogées subissent chaque mois des douleurs d'intensité moyenne (niveau 5).
Sur les conditions des femmes
Vous avez sûrement déjà vu passer ces vidéos virales ou des hommes et des femmes se font poser un simulateur de douleurs menstruelles autour du bas-ventre et se tordent de douleur même à des réglages d'intensité relativement bas. Il y a quelques années, un professeur de médecine de la reproduction de l'University College London a fait sensation avec une déclaration: les douleurs menstruelles peuvent être ressenties aussi gravement qu'une crise cardiaque. Eh oui!
Des douleurs qui font renoncer à plusieurs activités
Seule une Suissesse sur 10 dit ne pas se restreindre pendant ses règles, tandis qu'un cinquième d’entre elles se sent fortement ou très fortement limité. Les activités auxquelles les femmes renoncent le plus souvent sont la natation et les rapports sexuels (presque une sur deux) ainsi que le sport (un tiers). Les plus jeunes femmes et les Romandes sont les plus enclines à renoncer aux activités citées.
Quand faut-il prendre un anti-douleur pour ses règles?
Plus de la moitié des femmes qui ont leurs règles prennent des médicaments pour soulager la douleur. Elles ne doivent pas pour autant se sentir coupables de cette médication: selon les recommandations médicales, il est préférable de prendre un analgésique plus tôt que trop tard en cas de fortes douleurs pendant les règles. «En effet, quand les douleurs atteignent une intensité élevée, elles ne peuvent plus être traitées avec succès par des analgésiques et la qualité de vie diminue rapidement», explique la gynécologue Anja Wüest du podcast «Villa Margarita», dans lequel elle discute avec deux pharmaciennes de thèmes liés à la santé des femmes.
Supporter la douleur le plus longtemps possible n'est donc pas la meilleure solution. La pharmacienne et fondatrice de Swissmom Adrienne Surbek déclare: «Ma recommandation est de prendre des analgésiques dès les premiers tiraillements dans le dos ou le ventre, ce qui peut arriver déjà un ou deux jours avant l'apparition des règles.»
Comme les médicaments inhibent la synthèse des prostaglandines, le corps doit également moins décomposer ces substances douloureuses. Ces molécules assurent la contraction de l'utérus pour expulser la muqueuse et déclenchent également des douleurs parallèlement aux contractions musculaires. Une prise précoce de médicaments permet de réduire le nombre total de comprimés analgésiques nécessaires.
Qu'est-ce qui peut soulager les douleurs de règles?
Une femme réglée va saigner environ trois à sept jours par mois pendant environ 40 ans. Pas étonnant que nombreuses d'entre elles recherchent des alternatives aux analgésiques ou des moyens complémentaires pour soulager les douleurs. Il existe plusieurs approches possibles: en phytothérapie, l'achillée millefeuille peut avoir un effet antispasmodique et analgésique en bain de siège, tout comme les thés ou les teintures mères d'extraits de plantes comme le gattilier ou l'alchémille.
Les micronutriments comme le magnésium ou le complexe de vitamines B (B1, B3, B6) peuvent contribuer à réduire le niveau de douleur. La chaleur sous forme d'une simple bouillotte sur le ventre ou le bas du dos peut être bénéfique, tout comme un patch chauffant qui peut être porté toute la journée sous les vêtements.
Selon Adrienne Surbek, les comprimés de poivre des moines ont un effet équilibrant sur les taux hormonaux d'œstrogènes et de progestérone et peuvent aider pour les symptômes menstruels tels que les douleurs, les vertiges, les nausées, les diarrhées, les troubles du sommeil ou autres. Ce remède à base de plantes est à prendre pendant au moins trois à six mois à titre préventif.
Coupe menstruelle au lieu du tampon
Le choix de la protection hygiénique elle-même peut également faire une différence notable au niveau de la douleur ressentie. Hera Zimmermann, de la start-up Juna Period, explique: «Un tampon est un facteur perturbateur qui assèche les muqueuses. Cela provoque des douleurs supplémentaires.»
La coupe menstruelle (cup) peut énormément aider: en silicone médical, elle n'irrite pas les muqueuses et ne frotte pas. Selon Hera Zimmermann, il existe des études internationales qui montrent que l'utilisation d'une coupe a un effet positif sur le niveau de douleur. Avec Juna Period, elle a récemment mis sur le marché la première coupe menstruelle fabriquée en Suisse.
Les culottes menstruelles ont pareillement connu un boom de popularité, notamment chez les femmes peu à l'aise d'insérer un tampon ou une cup. Ces sous-vêtements sont plus doux que les serviettes hygiéniques et n'assèchent pas la zone intime. «C'est tellement personnel et unique, il faut simplement essayer pour voir ce qui convient le mieux», conclut Hera Zimmermann.