Un nouveau tronçon de rails entre Lausanne et Genève, et vite! Telle est la revendication de la section vaudoise de l'Association transports et environnement (ATE), au lendemain de l'incident technique qui a paralysé tout le réseau ferroviaire entre les deux grandes villes romandes.
Via un communiqué publié le vendredi 10 novembre, l'organisation appelle la population à signer un appel en ce sens, adressé au Conseil fédéral. Pour l'ATE, ce tronçon supplémentaire doit être «réalisé le plus rapidement possible, afin que la Romandie rattrape enfin son retard en matière d'infrastructures» ferroviaires, peut-on lire dans la missive.
Segment ferroviaire «très fréquenté»
Pour rappel, il y a un mois, le Conseil des États s'était déjà penché sur la problématique de ce segment ferroviaire «très fréquenté». La Chambre haute avait par ailleurs reconnu que la ligne entre Lausanne et Genève était «trop fragile en cas de problème, vu qu'il n'existe pas d'alternative opérationnelle», comme le rapportait «24 heures».
Mais une motion du libéral-radical vaudois Olivier Français, qui demande à ce que des mesures pour remédier à cette situation soient prises très rapidement, a été renvoyée en commission (sous l'impulsion de la socialiste Eva Herzog). Le texte ne sera donc pas voté avant décembre.
Coup de frein à Berne
Dans son communiqué, l'ATE rappelle que ce n'est pas la première fois qu'on constate la grande fragilité du réseau en Suisse romande. La paralysie générale du jeudi 9 novembre rappelle le fameux «trou de Tolochenaz», qui avait bloqué toutes les correspondances sur la même ligne il y a deux ans, jour pour jour.
Si le problème n'est pas nouveau, pourquoi n'a-t-il toujours pas été résolu à ce jour? Contacté, le président de l'ATE Vaud, David Raedler, fustige les sept sages à l'autre bout du fil: «Nous ne savons pas pourquoi la modernisation du réseau ferroviaire romand prend tellement de temps. Ce que nous savons, en revanche, c'est que le Conseil fédéral s'est opposé à la motion du PLR Olivier Français.»
La raison? «Il est possible que le Conseil fédéral, par ce refus, exprime le fait qu'il ne veut pas d'une nouvelle ligne ferroviaire entre Genève et Lausanne, s'avance David Raedler. Berne juge peut-être que mettre quelques pansements sur les lignes préexistantes, par-ci par-là, est suffisant. En bref, le Conseil fédéral n'a pas l'air motivé pour ce nouveau tronçon.»
D'après le président de l'association, un autre élément pourrait expliquer que rien ne soit encore fait: «Une étude prospective sur ce potentiel nouveau tronçon de rails doit être rendue par l'Office fédéral des transports (OFT). Or, nous l'attendons avec impatience, et elle ne vient toujours pas... malgré la volonté d'agir du parlement.»
Une mobilité à deux vitesses?
Du côté des autos, en revanche, le projet de création d'une autoroute à six voies entre Genève et Lausanne a été validé par le Conseil national en septembre. Porté par le Conseiller fédéral de l'Union démocratique du centre (UDC) Albert Rösti, il est désormais entre les mains de la Chambre haute.
L’élargissement de l'autoroute A1 au cœur de la Suisse romande risque-t-il de prendre le pas sur la mise en place d'une ligne ferroviaire supplémentaire? C'est ce que craint David Raedler. «Il faudra voir le résultat du référendum contre cet élargissement routier. Mais si le crédit de 5,3 milliards alloué à ce projet se confirme en votation, malheureusement, la nouvelle autoroute arriverait en effet avant la nouvelle ligne CFF.»
Et cela pourrait poser problème quant au développement de la mobilité douce: «Ce qui nous fait surtout peur, c'est que le scénario privilégié par l'OFT pour l'instant est une nouvelle ligne de train qui longerait l'autoroute, d'après ce que nous savons. Mais si, comme prévu, la troisième voie d'autoroute est construite entre l'échangeur du Vengeron et Nyon, cela pourrait prétériter la création d'une nouvelle voie ferroviaire adjacente», déplore David Raedler.