Selon des experts en politique
Les activistes qui bloquent les routes mettent en péril le vote de la loi sur le climat

Les militants écologistes qui bloquent les routes luttent contre le dérèglement climatique, mais ils agacent surtout les automobilistes. Les politiques et les experts craignent désormais qu'ils ne mettent en péril l'adoption de la loi sur le climat.
Publié: 28.04.2023 à 18:36 heures
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Dernière mise à jour: 28.04.2023 à 18:52 heures
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Les bloqueurs de routes influencent-ils de manière négative les intentions de vote sur la loi sur le climat?
Photo: Andreas Stroh
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Sermîn Faki

Dans sept semaines, la Suisse votera sur la loi sur le climat. Mais au lieu de débattre de ce paquet de 3,2 milliards, le pays s’indigne des militants climatiques qui ont paralysé le tunnel du Gothard, un pont sur le Rhin en Autriche ou encore la capitale allemande.

Cela inquiète de plus en plus ceux en faveur du «oui» à la loi sur le climat qui doit être votée le 18 juin. Ils craignent en effet que les actions perturbatrices du groupe «Soulèvement de la dernière génération» aient un effet boomerang sur la protection du climat.

«On perd la majorité avec ce genre de conneries»

«On ne peut pas faire plus de mal à l’environnement que ces militants climatiques. Avec une telle farce, on perd toute majorité pour une politique raisonnable», estime par exemple le conseiller aux États radical zurichois Ruedi Noser (PLR), l’un des plus éminents militants bourgeois en faveur de la loi. Il en est convaincu: le camp adverse – mené par l’UDC – profitera de l’indignation suscitée par les blocages, «d’autant plus que les médias donnent une bien trop grande plateforme aux bloqueurs de routes».

Ses craintes sont partagées par des scientifiques. Claude Longchamp, spécialiste des sondages et politologue, part du principe que les militants climatiques qui bloquent les routes nuisent au camp du oui, surtout en termes d’image. «Outre l’argument des coûts et la question de l’efficacité des mesures prises en Suisse pour le climat global, la question des défenseurs du climat radicalisés donne certainement du grain à moudre au camp du non.» Lui aussi observe que l’attention portée à ces activistes prend le pas sur la discussion sur la loi.

Grande action à la Pentecôte

Claude Longchamp part pour l’instant du principe que la loi sera acceptée à 55%. Mais un effet mobilisateur dans le camp adverse n’est pas exclu. Notamment si une action d’envergure se déroule à nouveau en Suisse comme au Gothard, où les défenseurs du climat ont prolongé les embouteillages à Pâques.

«Le pire des cas pour les partisans serait que ces militants fassent à nouveau une grande action à la Pentecôte, prédit le politologue. Les documents de vote seront alors dans les foyers – et cela pourrait donner un coup de pouce au camp du non.»

«Les votants ne se laissent pas irriter»

Du côté de la gauche, on ne craint pas cela. «Nous devons gagner la loi et absolument aller plus vite, déclare la cheffe du groupe des Vert-e-s Aline Trede. Nous suivons la voie institutionnelle, parlementaire, et la population a son mot à dire. Et elle doit absolument le faire.» Elle pense surtout que «nous devrions parler du contenu de la loi et pas seulement des formes d’action».

Ruedi Noser est, lui aussi, confiant. «Je suis convaincu que les Suisses ne se laisseront pas irriter par les bloqueurs et qu’ils approuveront cette loi très raisonnable. Car celle-ci aide les citoyennes et citoyens à se passer de leur chauffage au mazout de manière socialement acceptable et favorise la force d’innovation de l’économie.»

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