Scandale de corruption chez Ruag
Le Ministère public bernois enquête sur un ancien manager de RUAG

Un manager valaisan aurait escroqué des millions au groupe d'armement. Le Ministère public bernois a ouvert une enquête sur cette affaire.
Publié: 16.03.2025 à 06:06 heures
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Dernière mise à jour: 16.03.2025 à 11:13 heures
Les malversations de l'ancien-manager s'élèveraient à plusieurs millions.
Photo: KEYSTONE
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Fabian Eberhard

Maison de luxe, piscine, voitures haut de gamme: un ancien manager de Ruag* a-t-il financé sa vie coûteuse par une fraude à plusieurs millions? Les accusations portées contre le Valaisan sont énormes: il aurait utilisé le groupe d'armement public comme un self-service pendant des années, le préjudice s'élèverait à plusieurs dizaines de millions de francs pour son ancien employeur.

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Une enquête pénale a été ouverte pour soupçon de gestion déloyale qualifiée et de faux dans les titres
Christof Scheurer
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Rien n'a encore été prouvé, la présomption d'innocence est donc de mise, mais désormais la justice s'active. Le ministère public bernois chargé des délits économiques a ouvert une procédure pénale contre l'ancien cadre supérieur, comme le confirme son porte-parole Christof Scheurer.

Escroquerie, violation du secret d'affaires, corruption passive...

Les poursuites pénales interviennent dans les cas importants de criminalité économique: «Une enquête pénale a été ouverte pour soupçon de gestion déloyale qualifiée et de faux dans les titres», indique Christof Scheurer. On ne sait pas encore si l'enquête sera étendue à d'autres faits et d'autres personnes.

Par ailleurs, une multitude d'autres accusations sont en suspens. Le Contrôle fédéral des finances (CDF) a publié fin février un rapport sur cette affaire. Selon ce dernier, il existe des indices de diverses infractions: escroquerie, violation du secret d'affaires et de fabrication, corruption passive, espionnage économique, blanchiment d'argent.

Après que Ruag a observé la situation pendant des années, la firme s'est séparée de son cadre en 2022, et fin 2024, le groupe d'armement déposait une plainte pénale contre le Valaisan et contre inconnu. Le cadre, qui travaillait chez Ruag depuis 2011, jouissait d'une réputation de dealmaker (de négociateur).

Une escroquerie à plusieurs millions

Il aurait déplacé du matériel militaire sous le manteau, escroquant ainsi la Confédération de plusieurs millions, et aurait ainsi réalisé des transactions douteuses avec d'anciens chars d'assaut en provenance des Pays-Bas, en surévaluant le prix des matériaux achetés et revendus.

Entre 2017 et 2022, l'ex-manager a réalisé pour Ruag un total de 26 transactions qui, selon le CDF, auraient pu donner lieu à des actes frauduleux ou à d'autres irrégularités. Le suspect est toujours directeur d'une entreprise en Allemagne, active dans le domaine de l'armement. Il n'a pas réagi aux sollicitations.

Un désastre pour le DDPS

Pour le Département de la défense (DDPS), ce scandale de corruption présumé est un véritable désastre. Ce qui rend l'affaire encore plus sensible, c'est que la direction de Ruag et la ministre sortante de la Défense, Viola Amherd, avaient déjà été informées de possibles irrégularités en 2019. Un lanceur d'alerte anonyme avait tiré la sonnette d'alarme par écrit, mais ses avertissements étaient restés lettre morte.

Martin Pfister devra remettre de l'ordre

La justice allemande est intervenue depuis longtemps. Le parquet de Verden, en Basse-Saxe, enquête sur l'ancien manager de Ruag et d'autres cadres travaillant en Allemagne pour abus de confiance et corruption. Le Ministère public de la Confédération a pour sa part fourni à deux reprises une assistance juridique à ses collègues allemands dans cette affaire.

Dans son rapport, le Contrôle des finances fait état de «graves manquements organisationnels» et d'une «culture douteuse» au sein du groupe d'armement suisse. C'est maintenant au nouveau conseiller fédéral du Centre, Martin Pfister, qui prendra ses fonctions dans deux semaines, de remettre un peu d'ordre.

* Nom connu de la rédaction

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