«Sans l'étranger, nous mourrions de faim»
La Suisse manquera de pommes de terre bio à la fin de l'année

Les pommes de terre suisses issues de l'agriculture biologique se font rares. Un paysan raconte comment les champignons et le mauvais temps ruinent les récoltes. Dès janvier, des importations seront nécessaires. Mais il existe une solution à long terme.
Publié: 03.11.2024 à 14:06 heures
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L'agriculteur bio Heinz Höneisen a subi d'importantes pertes de récolte en raison d'une attaque de champignons et du mauvais temps.
Photo: Thomas Meier
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Michael Hotz

La Suisse manquera de pommes de terres bio. Le principal responsable? Le mauvais temps du printemps. La pluie et les basses températures ont fait que le champignon du mildiou s'est attaqué aux pommes de terre et s'est propagé de manière explosive dans tout le pays. «Nous n'avions pas vu cela depuis des décennies», déclarait déjà en juin Ruedi Fischer, président de l'Union suisse des producteurs de pommes de terre.

A plusieurs reprises, la Confédération a déjà augmenté le contingent d'importation de pommes de terre en raison des mauvaises récoltes – la dernière fois fin août. Pour les pommes de terre bio, la situation est la suivante: selon Bio Suisse, la récolte de cette année a diminué de moitié par rapport à 2023. Par conséquent, la Suisse n'aura ses propres pommes de terre bio que jusqu'à la fin de l'année, selon les estimations de l'association. Ensuite, les premières importations seront nécessaires.

«Le bio seul ne suffirait pas à nourrir le monde»

De son côté, le paysan bio Heinz Höneisen d'Andelfingen, dans le canton de Zurich, dresse un bilan catastrophique: «Sans l'étranger, nous mourrions de faim.» Même l'agriculture conventionnelle ne peut rien y changer. Il en conclut qu'en tant que paysan, il vaut mieux avoir des rendements plus faibles, mais une agriculture plus respectueuse de l'environnement. Heinz Höneisen, qui préside l'association Bio Zurich et Schaffhouse, est donc un agriculteur bio convaincu. Mais il admet lui aussi: «Nous ne pourrions pas nourrir le monde uniquement avec le bio.»

Mais pour lui, les avantages de sa méthode de culture l'emportent pour plusieurs raisons. D'abord pour l'environnement: à partir des années 1960, on a utilisé le chlorothalonil, un produit autrefois miraculeux, et il y a sept ans, la Confédération a détecté des résidus dans le sol. La substance active est interdite depuis 2020. Deuxièmement, en faveur de la santé: le média alémanique «Saldo» a trouvé cette année des résidus de pesticides dans une pomme de terre sur deux testées. En juillet, la Confédération avait autorisé l'utilisation du pesticide Proxanil par le biais d'une autorisation d'urgence.

Des exigences trop élevées au supermarché

Mais il y a encore de l'espoir, par exemple grâce à la variété de pomme de terre résistante «Acoustic». Celle-ci a survécu au printemps humide dans les champs de Heinz Höneisen, même sans pesticides. Toutefois, «Acoustic» ne répond pas forcément à «l'image de bijou» des consommateurs, c'est-à-dire aux exigences esthétiques des consommateurs envers une pomme de terre. L'image idéale: allongée, jaune et ferme à la cuisson.

Les décisions d'achat au supermarché sont donc en partie décisives pour savoir si nous aurons à l'avenir suffisamment de nos propres pommes de terre bio. Dans le cas contraire, nous continuerons à dépendre des pommes de terre de l'étranger.

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