Florence* n’est pas près d’oublier le cortège de la Saint-Nicolas de cette année. Cette mère de trois enfants a failli perdre la vie en rentrant de Fribourg en voiture aux alentours de 23h. Alors qu’elle se trouve sur l’autoroute, sa Ford part en embardée, rapporte «La Liberté»: son pneu avant-gauche vient d’éclater. En cause: un sabotage réalisé par le mouvement pour le climat Tyre Extinguishers.
Une opération simple et efficace
Les «extincteurs de pneus» forment un groupe d’activistes pour le climat qui agit à l’international. Le mouvement a été fondé en Grande-Bretagne l’an dernier. Depuis lors, il s’est très rapidement exporté. Des militants revendiquent aujourd’hui des actions dans neuf pays. Leur cible? Les grosses voitures à quatre roues motrices en ville. «Nous rendrons impossible la possession d’un SUV dans les zones urbaines du monde, explique la bio Twitter du groupe. Pour le climat, la santé, la sécurité publique.» Leur stratégie? Le dégonflage de pneus.
L’opération ne prendrait pas plus de dix secondes, selon le site web du mouvement. Le modus operandi y est décrit de façon détaillée. Il suffirait de «dévisser le capuchon de la valve, d’enfoncer deux ou trois lentilles, de revisser le capuchon avec les lentilles», résumait une activiste à Watson. Le média en ligne a passé une nuit à Zurich avec quatre militants, qui se vantaient d’avoir mis provisoirement hors d’état de nuire 102 SUV.
Mais pourquoi s’attaquer à ces engins volumineux? Selon «24 Heures», les dégonfleurs suivent les conclusions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui a montré dans un rapport que les SUV sont la deuxième source d’augmentation des émissions de CO2 entre 2010 et 2018. Même devant l’aviation.
Le mouvement pointe également du doigt le danger de ces quatre-roues massifs. En plus de polluer davantage, ils sont responsables de 10 à 27% d’accidents de plus que les voitures classiques, d’après l'assureur AXA.
«Du luxe pur et simple»
«Les SUV n’ont pas leur place en ville, tonne un militant auprès du quotidien vaudois. Ils sont trop grands, consomment trop d’énergie et n’ont aucune utilité. C’est du luxe pur et simple.»
Mais comment le mouvement justifie-t-il la mise en danger des conducteurs? Leur action ne serait pas dangereuse, selon ce même activiste. Il explique que les militants ont pour consigne de signaler aux propriétaires des véhicules touchés que ceux-ci ont été vandalisés à l’aide d’un petit papier, téléchargeable sur le site internet des Tyre Extinguishers: «Notre flyer met en garde le conducteur que nous avons dégonflé un ou plusieurs de ses pneus. Évidemment que c’est désagréable, mais il doit juste les regonfler. Qu’est-ce que cela représente par rapport à la crise climatique?»
Dans le cas d’espèce, Florence avait-elle eu connaissance de la déprédation commise sur sa Ford Edge? Oui, admet-elle. «Mais comme aucun dégât n’était visible et le tableau de bord n’affichait aucun avertissement», la psychologue biennoise a choisi de prendre le volant, a-t-elle précisé à «La Liberté».
«Oui, il sera vandalisé»
Quelle réflexion se cache derrière les opérations des Tyre Extinguishers? Le compte Twitter de l’organisation affirme qu’il s’agit de décourager l’achat de quatre-roues massifs: «Si j’achète un SUV, est-ce qu’il sera vandalisé par des activistes du climat? Oui. Oui, il le sera.» À force de faire parler de lui, le groupe veut décourager les futurs acquéreurs de ces automobiles.
Pour faire connaître leur objectif au plus grand nombre, des actions coordonnées ont par exemple eu lieu dans huit pays dans la nuit de lundi à mardi. Elles auraient touché 900 véhicules, selon Tyre Extinguishers.
En Suisse, les services de l’ordre ont empoigné le problème. Plusieurs enquêtes sont en cours et les «auteurs présumés devront répondre de dommage à la propriété et de contrainte, c’est-à-dire du fait d’empêcher quelqu’un de faire quelque chose», a assuré la police zurichoise à «24 Heures».