L'UNRWA en difficulté
Genève votera une aide de 5 millions aux Palestiniens

La contribution d’urgence, souhaitée par les socialistes, vise à soutenir les activités de l’UNRWA alors que Berne tarde à débloquer ce qu’elle doit et que la situation à Gaza est au plus mal. Le PLR est favorable sur le fond, mais veut renvoyer le projet en commission.
Publié: 09.04.2025 à 14:25 heures
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Dernière mise à jour: 09.04.2025 à 16:49 heures
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Pour Sylvain Thévoz, auteur du projet loi, il n'y a pas le temps de renvoyer le projet en commission.
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Myret ZakiJournaliste Blick

Un projet de loi souhaite que Genève verse une subvention de 5 millions de francs à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à titre d’aide humanitaire d’urgence. La proposition, déposée au Grand Conseil fin février par le socialiste Sylvain Thévoz, sera votée ce jeudi 10 avril. Elle vise à «soutenir les activités de l’UNRWA et s’assurer la poursuite de son action humanitaire en faveur de la population palestinienne, tout particulièrement à Gaza». 

L'aide fédérale n'est plus garantie

Le vote genevois intervient alors que la situation est au plus mal dans la bande de Gaza et que l’UNRWA elle-même se voit directement ciblée par l’armée israélienne, et de façon répétée ces dernières semaines. 

Cette année, la Suisse fédérale n’a encore rien versé à l’UNRWA. Si la motion du conseiller national UDC David Zuberbühler, qui voulait stopper définitivement l’aide à l'UNRWA, a été refusée à Berne le 18 mars, l’aide suisse, de 20 millions par an, tarde à venir et n'est plus garantie. 

La droite divisée

Parmi la droite genevoise, l’UNRWA compte des soutiens, comme le député PLR Pierre Conne, qui avait pris position sur l'importance de son rôle dans «Le Courrier», ou encore Murat Julian Alder et d'autres personnalités. Mais la proposition genevoise divise le parti. Idem pour l’UDC et pour Libertés et Justice Sociale (le parti du conseiller d'Etat Pierre Maudet) qui, d’après nos informations, vont probablement s’abstenir lors du vote. Divisé aussi, le MCG risque de pencher contre.

Quant au PLR, qui sur le fond n’est pas opposé à la proposition, c’est la forme qui semble faire débat. Certains députés doutent que ce soit à Genève de suppléer à Berne. Le parti de la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet votera probablement pour renvoyer le projet en commission. 

Amendement au Conseil d'Etat

«Je suis très soulagé qu’à Berne, le Conseil des Etats ait décidé de maintenir l’aide due à l’Unrwa, dont le rôle est essentiel, nous répond Murat Julian Alder. En revanche, s’agissant du projet de loi, je m’interroge s’il a encore un sens au vu de la décision à Berne de maintenir les contributions. Deuxième question, est-ce qu’il appartient au contribuable genevois de se substituer au contribuable fédéral? Cela relève-t-il de la compétence d’un canton? Nous avions refusé l’urgence sur cet objet. Nous défendrons l’idée que cet objet soit traité par la commission compétente.»

Autre complication, un amendement au Conseil d'Etat genevois serait en cours de rédaction pour répartir l'aide qui se destinait à l'UNRWA sur plusieurs entités plutôt qu'à cette dernière uniquement.

«Une urgence absolue»

Pour Sylvain Thévoz, «il n'y a pas le temps de renvoyer le projet en commission: il ne serait voté qu'à la plénière d'octobre, ce qui serait évidemment trop tard», regrette le socialiste, qui souligne que «le PLR a refusé il y a un mois l'urgence sur cet objet, alors que s'il l'avait voulu, il aurait pu la voter et renvoyer en commission à ce moment-là. Même si Berne a voté pour le maintien de l'aide fédérale, poursuit l'auteur du projet de loi, le chemin est encore long avant l'argent dû à l'UNRWA cette année soit versé.» 

Au plan international, l’UNRWA a perdu plus de 400 millions de dollars de contribution américaine depuis 2018 et se retrouve dans une situation financière difficile.

Sylvain Thévoz rappelle l'urgence absolue dans laquelle se trouve l'organisation, qui a perdu 1/3 de son budget suite au retrait des aides américaine et suédoise, et qui risque une cessation d'activités cet été, par manque de moyens. «Nous sommes face à un risque de catastrophe humanitaire majeure dans la région.» Enfin, le député rappelle qu'il «est tout à fait de la compétence de Genève de voter des aides d'urgence humanitaires, comme elle l'a déjà fait en 2023». 

En novembre 2023, sur proposition du Conseil d’Etat, les membres du Grand Conseil (à l’unanimité, moins une abstention) avaient en effet déjà débloqué une aide urgente de 5 millions de Genève pour les populations civiles de Gaza. Le montant avait été réparti entre plusieurs organisations, dont l’UNRWA, mais aussi le CICR et Médecins sans frontières (MSF).

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