Démissions au comité scientifique
L'Université de Genève admet un plagiat dans son rapport sur son rôle politique

L'Université de Genève (UNIGE) admet un plagiat dans un rapport sur son rôle politique, après des révélations du «Courrier». Le document, une réponse aux manifestations propalestiniennes, a été retiré. Deux rédacteurs du document ont démissionné et les critiques fusent.
Publié: 09.04.2025 à 10:04 heures
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Dernière mise à jour: 10.04.2025 à 12:24 heures
En mai 2024, des étudiants propalestiniens avaient occupé le bâtiment Uni Mail pour protester contre les partenariats avec Israël.
Photo: Keystone

L'Université de Genève (UNIGE) admet un plagiat dans la réponse qu'elle voulait donner aux mobilisations étudiantes propalestiniennes. «Le Courrier» a révélé l'affaire ce vendredi 4 avril. Un débat qui devait avoir lieu mardi sur ce rapport a été reporté, a indiqué l'UNIGE dans un communiqué du lundi 7 avril.

Paru en mars, le rapport de l'UNIGE consacré à son rôle dans le débat public en lien avec l'occupation israélienne à Gaza, est «un plagiat grossier», selon une académicienne genevoise citée dans «Le Temps». Un chapitre du rapport est grossièrement inspiré d'un article écrit par Cécile Laborde, professeure au Nuffield College de l’Université d’Oxford, a mis en avant «Le Courrier».

Sur les quatre pages du texte, le nom de la politologue française n'est pas mentionné. Le passage incriminé concerne le concept de «réserve institutionnelle», qui implique qu'une université ne se positionne pas sur des sujets socio-politiques, sans pour autant que la liberté d'expression ne soir muselée en son sein. L'article était paru six mois avant la publication du rapport.

L'UNIGE admet le plagiat

Dans un communiqué, l'UNIGE note que le rectorat a «constaté le plagiat» et «a pris la pleine mesure de cette révélation». Le rapport a été retiré du site de l'université. La rectrice Audrey Leuba, critiquée pour sa gestion des manifestations de mai dernier, regrette ce plagiat qu'elle considère «contraire aux normes éthiques et déontologiques» de son institution dans «Le Temps», mais ne se l'explique pas. Le logiciel anti-plagiat utilisé n'a pas été suffisant et il faudra «établir les faits».

Le rectorat a demandé au comité scientifique «de veiller à ce que le chapitre incriminé, tout comme l’entier du rapport, soit pleinement conforme aux règles de l’université et de sa charte d’éthique et de déontologie». Les travaux de la professeure Cécile Laborde devront notamment faire l’objet d’un référencement scientifique correct.

Une question de politique universitaire

Insuffisant pour la faîtière qui réunit les associations étudiantes (CUAE), qui avertit mardi à la RTS: «Il risque d'y avoir des rassemblements, des manifestations.» Pour l'organisation, «ce plagiat ne fait que dévoiler la vraie nature de ce rapport et du comité lui-même». La CUAE demande la dissolution du comité scientifique et la démission de ses membres: «Dès la naissance du comité, il était clair que sa fonction était d’empêcher l’existence d’un réel débat démocratique au sein de l’Université.»

Le rapport sur le rôle de l'UNIGE face aux crises contemporaines a été rédigé par un comité scientifique. Celui-ci avait vu le jour dans le sillage des manifestations propalestiniennes en lien avec le conflit à Gaza au cours desquelles un bâtiment de l'université avait été occupé durant plusieurs jours, en mai 2024.

Un étudiant démissionne, un professeur se retire

Depuis les révélations du «Courrier», un étudiant membre du comité a démissionné. Il reproche à l'organe d'avoir failli à sa mission bien que des professeurs aient validé la dimension scientifique du rapport. Aussi, le président du comité, le politologue Frédéric Esposito, ne sera «pas sollicité pour cette nouvelle étape», et ce «à sa demande». Le professeur, rédacteur principal du rapport, n'a pas commenté cette décision auprès du «Temps».

Le rapport recommande notamment le maintien des partenariats scientifiques, sauf circonstances exceptionnelles. Cette question était au cœur des revendications des occupants propalestiniens de l'UNIGE qui réclamaient l'arrêt des collaborations avec des institutions israéliennes. A l'heure actuelle, le débat est reporté à plus tard. Mais à l'université, où le plagiat est une faute grave, cette affaire pourra-t-elle en rester là?

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