Lausanne passe l’arme à gauche. Pas au sens mortel de l’expression. C'est plutôt que le Conseil communal demande à la Municipalité d’étudier l’idée d’une police désarmée, au moins lors de certaines interventions, comme l’écrit «24 heures» ce mercredi 15 janvier.
La majorité – de gauche – de l’organe législatif a accepté, lors de sa séance de ce mardi, le postulat déposé par le député des Vert-e-s Ilias Panchard: «Projet pilote pour une police de proximité sans arme à feu». Celui-ci demande à la Ville de rendre un rapport sur la possibilité qu’au moins une partie des agents de police se rendent sur le terrain sans arme à feu. Une mesure de désescalade essentielle, selon les élus de gauche interrogés par le quotidien vaudois, par exemple dans des cas de conflits de voisinage ou de manifestations politiques.
La Municipalité et son chef de la Sécurité Pierre-Antoine Hildbrand (PLR) se sont opposés au texte. Leur argument? Toute intervention peut comporter son lot de surprise et nécessiter l’usage d’une arme. «Vous ne pouvez pas savoir si les violences domestiques pour lesquelles vous êtes appelées ne vont pas déboucher sur une situation de crise, avec des personnes qui s’arment de manière improvisée, ou qui sont en possession d’armes», illustre le municipal libéral-radical chez nos confrères.
Le syndicat policier peine à comprendre
La proposition, pour l’instant hypothétique, divise. La droite (UDC, PLR) et les Vert’libéraux s’y sont opposés, tandis que les voix des Verte-e-s du Parti socialiste et d’Ensemble à Gauche ont réussi à envoyer ce postulat à l’étude. Mais qu’en est-il côté policier?
«On a de la peine à comprendre cette position. Prendre le risque d’affaiblir la sécurité aujourd’hui n’est pas souhaitable», explique à Blick l’agent Cyril Portmann, à la tête du syndicat de police de la capitale vaudoise. Le président de l’Association des fonctionnaires de police de Lausanne (AFPL) assure que «n’importe quel policier, peu importe sa mission et même si elle est locale, peut être amené à être une force d’intervention lors d’un cas de force majeure».
Désarmés face au «risque terroriste»
Pour lui, sortir sans arme, c’est diminuer la possibilité d’intervenir rapidement. Il pense tout particulièrement au «risque terroriste» lors d’événements publics festifs. «Ce risque, on n’a pas la possibilité de le prédire clairement, même lors d’une manifestation pour le climat», estime Cyril Portmann. Pour lui, qu’il s’agisse de manifestations politiques, des troubles à la tranquillité publique ou des conflits de voisinage, «on ne peut pas prévoir comment va se passer l’intervention».
Jusqu’à utiliser son arme de service dans des cas aussi banals? «On est tous unanimes sur le fait qu’on n’a pas envie de s’en servir. Pour autant, je ne me verrais pas sortir sans arme à feu à l’heure actuelle. Je ne prendrais pas ce risque.» Pour le syndicaliste policier, les arguments de la gauche n'ont pas lieu d’être: «Pas un policier ne m’a jamais dit qu’avoir l’arme à la ceinture ne lui avait pas permis de faire de la désescalade».