«Chaos» à l'Etat de Vaud
La politique vaudoise réagit au rapport Studer sur l'affaire Dittli

Séisme politique à la vaudoise, après l'audit externe du Département des finances. Les partis réagissent vivement à la réorganisation des départements et aux accusations portées contre Valérie Dittli (Le Centre), dont les responsabilités seront désormais réduites.
Publié: 21.03.2025 à 17:16 heures
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Dernière mise à jour: 21.03.2025 à 18:19 heures
Aussi bien du côté du PS de Nuria Gorrite que du PLR de Frédéric Borloz, on déplore les actions de la centriste Valérie Dittli.
Photo: Keystone

«Consternation», risque de «chaos», cadeau fait «aux super riches» ou appel à «un débat politique plus respectueux»? De gauche à droite, en passant par le Centre, la politique vaudoise et nationale a réagi au rapport rendu ce vendredi 21 mars sur l'audit externe du Département des finances, jusqu'ici dirigé par Valérie Dittli.

La jeune conseillère d'Etat centriste a pris acte de la décision du collège de lui retirer une partie de ses responsabilités, mais elle conteste ouvertement certains points qui la mettent en cause. Peu après la conférence de presse explosive de cette fin de matinée, l'organe suisse des Jeunes du Centre a rapidement apporté son soutien à Valérie Dittli.

Le centre divisé sur le chaos ambiant

Ils «appellent à un débat politique plus respectueux» et «saluent la transparence dont elle a toujours fait preuve» en pointant du doigt le traitement médiatique de l'affaire Dittli. «Attaques incessantes» et «jugements préalables sans aucun fondement» sont critiqués dans un communiqué qui rappelle que Valérie Dittli «a elle-même demandé d’établir le rapport en question».

Le Centre Vaud a évidemment pris la défense de sa ministre, face aux critiques. Son président Ludovic Paschoud juge ainsi «disproportionnée» la décision du Conseil d'Etat d'enlever les Finances à Valérie Dittli, même s'il dit comprendre qu'une réaction s'imposait. Du rapport Studer, il retient surtout que la désormais ex-grande argentière a été «fortement entravée dans son action». Politiquement, le président du Centre Vaud reconnaît que Valérie Dittli est dorénavant «isolée» au sein du Conseil d'Etat. «Mais ce n'est pas la première fois qu'elle est bousculée. C'est une battante et elle va se relever», assure-t-il.

De leur côté, les Vert'libéraux vaudois déplorent «le chaos ambiant et l’absence de collégialité au sein de notre gouvernement». Pas un mot sur le cas Dittli en particulier, mais un accent sur la «mésentente» entre les membres du gouvernement, qui «l’empêche d’empoigner concrètement des projets importants» et prétériterait l'ensemble du canton.

Le président du parti au niveau cantonal, Olivier Bolomey, estime que «la réorganisation des Départements, esquissée partiellement ce jour, ne démontre aucunement une volonté commune d’agir de façon concertée et collégiale». Et de continuer: «Nous ne pouvons que craindre que le chaos continue de régner au sein de nos institutions».

PLR et UDC saluent la réactivité

Du côté du PLR Vaud, on «exprime sa profonde consternation face aux graves dysfonctionnements révélés» dans le rapport Studer, qui porterait un coup à la confiance dans les institutions et à leur crédibilité. La réorganisation des départements, qui place leur présidente du Conseil d'Etat Christelle Luisier Brodard à la tête des Finances, est saluée comme «un premier pas indispensable pour rétablir le bon fonctionnement de l’exécutif cantonal».

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Les conclusions du rapport mettent en exergue le non-respect du cadre institutionnel et légal par la cheffe du Département des finances
Florence Bettschart-Narbel, présidente du PLR Vaud
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Florence Bettschart-Narbel, présidente du PLR Vaud, assure que «les conclusions du rapport mettent en exergue le non-respect du cadre institutionnel et légal par la cheffe du Département des finances», ce qui constituerait «une claire rupture de confiance» pour le parti jusqu'ici allié du Centre. Pour le PLR, le rapport est clair: Valérie Dittli a «excédé ses compétences de manière évidente», elle «n’a pas respecté le cadre légal» et «il y a eu une violation du secret de fonction». 

Du côté de l'UDC, Cédric Weissert, chef du groupe au Grand Conseil, espère aussi que la publication de ce rapport et le remaniement des départements apporteront «de la sérénité» au sein du Conseil d'Etat. Il ajoute qu'il fallait une «action rapide» et que la transmission des finances à Christelle Luisier Brodard constitue sans doute «la meilleure solution» pour «préserver l'Etat et ses finances». Même s'il affirme «ne pas être dupe», le député UDC espère désormais que le gouvernement va «prendre de la hauteur» et «se montrer uni» pour répondre aux enjeux importants du canton. 

A gauche, un dépassement de fonction au profit des riches

Et à gauche de l'échiquier politique? Le Parti socialiste «salue la décision forte du Conseil d’Etat de retirer la Direction générale de la fiscalité (DGF) ainsi que le Service d’analyse et de gestion financières (SAGEFI)» à Valérie Dittli et rappelle qu'il s'agit «de la sanction la plus lourde que le gouvernement peut prendre» contre une de ses membres.

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«La cheffe du Département a outrepassé ses fonctions au profit direct des super riches»
Communiqué d'Ensemble à Gauche et du POP Vaud
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Pour le PS, les actions controversées de «l'ancienne ministre des Finances» d’annuler «des taxations ciblant les contribuables les plus fortunés» constituent «une atteinte grave à l’égalité devant l’impôt». Ensemble à gauche (EàG) et le Parti ouvrier populaire (POP) ont aussi accablé la centriste dans un communiqué commun qui n'y va pas de main morte. «La cheffe du Département a outrepassé ses fonctions au profit direct des super riches».

En effet, Valérie Dittli aurait «demandé l’annulation ou la suspension des taxations en attendant une révision légale qui permette de réduire la charge fiscale des très riches». EàG et POP relaient les «sérieux soupçons» émis dans le rapport «quant à une violation du secret de fonction en faveur des organisations patronales, ce qui constituerait un délit pénal».

La rocade de départements, et surtout le fait que les Finances soient retirées à Valérie Dittli, est accueillie avec «satisfaction» à gauche. «Néanmoins, nous ne plaçons aucune confiance dans la nouvelle cheffe des finances et dans le Conseil d’État dans sa composition politique actuelle pour limiter les privilèges fiscaux dont profitent les multimillionnaires, aux dépens de la majorité de la population imposée sur ses revenus du travail», relativise le communiqué.

Du côté des Vert-e-s, sa cheffe de groupe Rebecca Joly estime que les conclusions du rapport sont «graves» et que le retrait des finances du département de Valérie Dittli constitue «une sage décision». Selon elle, l'ambiance au sein du gouvernement restera «compliquée», mais «cela ne va pas empêcher l'Etat de fonctionner».

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