«Excès de pouvoir» reproché
Valérie Dittli perd la gestion des finances et conteste les conclusions du rapport

Une conférence de presse tendue sur l'«affaire Dittli» a réuni les sept conseillers d'État vaudois ce vendredi. Christelle Luisier Brodard reprend le Département des finances à Valérie Dittli, mise en cause par le rapport. Plusieurs autres mesures sont annoncées.
Publié: 21.03.2025 à 11:51 heures
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Dernière mise à jour: 21.03.2025 à 14:41 heures
Valérie Dittli s'est présentée devant la presse pour les résultats du rapport sur les tensions dans son Département des finances.
Photo: Keystone

Valérie Dittli (Le Centre) n'est plus la grande argentière vaudoise. Mise en cause par une analyse externe de son département, la conseillère d'Etat doit céder la gestion des finances à Christelle Luisier Brodard (PLR).

Les sept conseillers d'Etat vaudois – dont la centriste arrivée sur son siège en dernière – se sont tous réunis ce vendredi 21 mars pour s'adresser à la presse et aux citoyens vaudois. En cause de cette ambiance tendue au château Saint-Maire? La publication du rapport externe sur «l'affaire Dittli», confié en janvier à l'ancien ministre neuchâtelois Jean Studer.

D'emblée, un communiqué distribué aux journalistes annonce une rocade au niveau des fonctions des ministres, indique «24 heures». La présidente du Conseil d'Etat Christelle Luisier Brodard (PLR) récupère le Département des finances de Valérie Dittli.

Des mesures importantes après l'audit

Il ressort du contenu de cet audit externe que le Conseil d'Etat doit prendre «au plus vite» des mesures pour assurer «le bon fonctionnement de l'Etat et protéger la santé des collaborateurs concernés», écrit le gouvernement vaudois dans son communiqué. Durant sa prise de parole introductive, Christelle Luisier Brodard a annoncé «des mesures importantes» qui permettraient de «garantir des conditions de travail saines» à l'Etat de Vaud.

«Nous regrettons vivement les fuites qui ont émaillé nos délibérations. De telles fuites nuisent au fonctionnement de nos institutions», a continué la libérale-radicale avant de donner la parole à Nuria Gorrite et à Jean Studer pour le détail des faits et des résultats du rapport.

Une demande d'annulation de taxation «pas légale»

Le rapport Studer met notamment en lumière «une collaboration gravement altérée» entre Valérie Dittli et sa directrice générale de la fiscalité, Marinette Kellenberger. Cette mauvaise entente s'étend «au-delà des deux protagonistes».

Par ailleurs, une demande de Valérie Dittli d'annulation de taxations a été considérée comme «pas légale» par Jean Studer. Son rapport relève aussi «une possible violation du secret de fonction» dans le cadre du bouclier fiscal.

Valérie Dittli n'a selon lui aucune compétence pour intervenir dans des décisions de taxation: «La cheffe de Département n’a donc pas respecté le cadre institutionnel et légal, régissant son périmètre d’activité.» Jean Studer a invité le Conseil d'Etat à prendre «au plus vite des mesures» et évoque «un excès de pouvoir».

Valérie Dittli fait sa déclaration

Au tour de Valérie Dittli de prendre la parole. «J'aimerais tout d'abord rassurer toutes celles et ceux qui ont demandé de mes nouvelles. Je vais bien. Je suis à nouveau prête à relever les défis de mon Département. Je suis heureuse que le rapport de M. Studer précise que j'ai moi-même initié que ce rapport soit publié».

La centriste évoque les fuites: «La transparence, oui, mais pas les fuites. Une plainte pénale a été déposée pour connaitre les auteurs de ces fuites.» Elle assure être «prête à prendre les responsabilités de ses actions».

Valérie Dittli s'exprime sur les accusations à son encontre: «La formulation de la demande était générale et ne concernait pas un dossier précis.» Elle évoque un malentendu sur la formulation de sa demande d'annulation de taxation, qui a été «prise comme un ordre». Elle dit prendre ses responsabilités, mais conteste une partie des conclusions du rapport «même si le communiqué de presse dit autre chose».

«J'ai énormément de plaisir au sein du Département des finances et de l'agriculture.» Elle évoque aussi le plaisir de collaborer avec ses collègues et d'affronter les défis avec confiance. «Tout ce que je souhaite, c'est que ce canton que j'ai aimé bien avant d'arriver au Conseil d'Etat aille bien et que ses institutions aussi.»

Valérie Dittli «souhaite que tout soit transparent et que les spéculations cessent». Elle demande du calme, de la stabilité et des solutions efficaces: «Une restructuration doit être fondée sur des faits et des analyses claires.»

Conséquences du rapport

Christelle Luisier Brodard reprend la parole pour évoquer les conséquences de ce rapport. La «détérioration des relations» entre Valérie Dittli et la direction de la direction générale de la fiscalité, s'est, selon le gouvernement, étendue au-delà au sein du Département de la centriste.

Convaincu par l'analyse de Jean Studer, le Conseil d'Etat a voulu agir vite pour «protéger les institutions vaudoises» et «mettre un terme au plus vite à la souffrance vécue par les collaborateurs». Voici les décisions du Conseil d'Etat: la publication du rapport et des déterminations à ce propos ; le dépôt d'une plainte contre X pour fuites dans la presse ; la transmission du rapport au Ministère public, en vue d'étudier s'il y a lieu d'ouvrir ou non une instruction pénale pour une éventuelle violation du secret de fonction ; et enfin, la mise en application de mesures RH et organisationnelles.

Ce dernier point est présenté par Isabelle Moret en sa qualité de vice-présidente du Conseil d'Etat. Principale décision: Christelle Luisier Brodard reprend le Département des finances à partir du 1er juin prochain. Jusqu'à cette date, le Département est placé sous la «responsabilité immédiate» de Frédéric Borloz, de même pour le Service d’analyse et de gestion financière (SAGEFI).

En l'état, Valérie Dittli reste en charge des autres services de son département: la Direction générale de l’agriculture, Statistique Vaud et l’Office cantonal de la durabilité et du climat. «En raison de l'absence pour maladie de Valérie Dittli, le Conseil d'Etat n'a pas pu» mener à bien la redistribution des responsabilités de Valérie Dittli, termine Isabelle Moret. Le gouvernement examinera «prochainement» le périmètre exact de son département.

Nuria Gorrite annonce également que la directrice de la fiscalité, Marinette Kellenberger – également épinglée dans le rapport Studer pour ses tensions avec Valérie Dittli – prend sa retraite anticipée. Celle-ci sera effective dès l'arrivée d'un successeur et le poste sera prochainement mis au concours.

Par ailleurs, les collaborateurs de l'Etat touchés émotionnellement durant cette période auront accès à un espace d'écoute. Six employés de l'Etat ont été mis en arrêt maladie en raison de cette crise au Département, indique Jean Studer cité par «24 heures».

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