Risque d'AVC et d'infarctus
En France, la vente libre de ces médicaments anti-rhume est à nouveau dénoncée

L'Agence française de la sécurité du médicament souhaite interdire la vente libre de certains sprays nasaux et comprimés anti-rhume, associés à des effets secondaires graves. Qu'en est-il en Suisse, où ce type de médicament est autorisé, le plus souvent sans ordonnance?
Publié: 18:06 heures
En 2023, l'ANSM soulignait que certains médicaments anti-rhume, disponibles sans ordonnance en France, peuvent entraîner, dans de très rares cas, des effets secondaires graves, dont des AVC ou des infarctus.
Photo: Shutterstock
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Voilà plusieurs années que l'Agence française de la sécurité du médicament (ANSM) a pris en grippe certains traitements anti-rhume. Vendus sous la forme de sprays nasaux décongestionnants ou de comprimés vasoconstricteurs, les principaux accusés ne sont autres que les fameux Actifed Rhume, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume ou encore Dolirhume – l'équivalent en Suisse des Neocitran et consorts. 

Dans un communiqué plutôt alarmant diffusé en 2023, l'ANSM soulignait notamment que ces produits, disponibles sans ordonnance en France, peuvent entraîner dans de très rares cas des effets secondaires graves, dont des AVC ou des infarctus.

Ce virulent débat vient de ressurgir en force. L'ANSM est revenue à la charge dans un mail adressé à l'AFP ce 21 novembre: «La délivrance de ces médicaments sans prescription médicale n'apparaît aujourd'hui plus adaptée.» L'Agence du médicament exige ainsi que leur vente libre soit interdite en France.

Pourquoi ne pas interdire ces médicaments?

À l'origine du problème se trouve la molécule pseudoéphédrine. Capable de décongestionner les voies nasales bouchées, elle peut apparaître comme une véritable sauveuse en cas de rhume récalcitrant ou de grippe carabinée.

La mise en garde très médiatisée de 2023 avait rapidement fait chuter les ventes des médicaments concernés. L'ANSM déplore, toujours auprès de l'AFP, que celles-ci ont à nouveau décollé depuis le mois de septembre. Une évolution jugée «fortement préoccupante, en amont de la saison hivernale».

Or, tandis qu'elles se démènent pour mieux réguler la vente de ces traitements, les autorités sanitaires françaises se heurtent aux décisions de l'Agence européenne du médicament (EMA). D'après l'AFP, cette agence estime le risque trop faible pour justifier une interdiction. L'EMA a toutefois émis des contre-indications plus sévères, afin de mettre en évidence l'existence de ces effets secondaires.

Autorisés sans ordonnance en Suisse

Si le débat concerne surtout nos voisins, notons que ces produits sont également disponibles en terres helvétiques. Comme le rappelait «Le Temps» l'année dernière, les équivalents de ces traitements disponibles en Suisse sont Neocitran, Rinoral, Algifor Dolo Rhinogrippal, Pretufen et Pretuval, qu'on peut facilement dénicher en pharmacie. 

Dans une communication officielle parue ce printemps, Swissmedic note effectivement que «la pseudoéphédrine est autorisée seule ou en association avec d’autres principes actifs pour le traitement des symptômes grippaux et de refroidissement ainsi que de la rhinite allergique ou vasomotrice en cas de nez bouché». 

Disponibles au guichet seulement

Contactés par téléphone, les porte-paroles de Swissmedic confirment qu'aucune procédure ou discussion concernant leur interdiction n'est d'actualité en Suisse. Ils soulignent néanmoins que les médicaments concernés, comme le Neocitran ou le Pretuval, sont actuellement rangés dans la catégorie D des traitements «remis sur conseil spécialisé». Cela signifie qu'ils ne sont accessibles qu'en se présentant au guichet des pharmacies ou des drogueries. Leur achat, toutefois possible sans ordonnance, est donc automatiquement précédé d'une consultation ou discussion avec un professionnel de la santé. 

À noter que le Rinoral, contenant de la pseudoéphédrine et agissant sur la muqueuse nasale, appartient quant à lui à la catégorie B, c'est-à-dire que le médicament est «remis sur ordonnance médicale ou vétérinaire».

La vigilance reste de mise

Les médicaments contenant de la pseudoéphédrine sont fortement contre-indiqués pour les femmes enceintes et les personnes souffrant de certaines maladies telles que les affections du cœur et des voies respiratoires, l'asthme ou encore le diabète. Sachant cela, il est essentiel d'en discuter avec votre médecin ou pharmacien avant de prendre un traitement anti-rhume.

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