Mike Horn n’a pas obtenu gain de cause. En date du 12 décembre, le Conseil suisse de la presse (CSP) — institution garante du respect des règles déontologiques de la profession — rejette entièrement la plainte du célèbre aventurier de Château-d’Œx contre Blick et «24 heures».
Par l’entremise de Christophe Wilhelm, son avocat, le très populaire aventurier originaire d’Afrique du Sud avait attaqué les deux médias le 16 juin. À ses yeux, écrit le CSP dans sa prise de position, la disparition de plusieurs de ses sponsors et l’abolition du statut de membre d’honneur par Vaud Promotion n’avait rien à voir avec les révélations de «Temps Présent» sur son passé militaire sanglant.
Rappel des faits: les révélations de «Temps Présent»
Pour mémoire, l’enquête de la RTS portait sur les activités de l’explorateur et de l’unité spéciale de contre-insurrection réputée pour sa cruauté durant la période de l’apartheid. Le reportage avait été diffusé le 19 janvier 2023.
Le sujet avait fait l’effet d’une bombe, jusqu’en Afrique du Sud. Le 23 avril, le gouvernement de Cyril Ramaphosa avait communiqué que Mike Horn ne serait finalement pas décoré d’un «National Order» — la Légion d’honneur locale — cinq jours plus tard.
Le contenu des articles litigieux
Le 2 mai 2023, le quotidien vaudois avait publié un article et un éditorial, qui soulignait «le fait que les sponsors de Mike Horn, après ce reportage, s’étaient trouvé dans l’embarras et cherchaient à s’en distancier, résume le CSP. Le comité directeur de Vaud Promotion, pour sa part, avait décidé de proposer à son assemblée générale la suppression du statut de membre d’honneur de l’organisation dont, parmi d’autres, bénéficiait Mike Horn».
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Le 30 mai, ladite assemblée générale avait effectivement aboli ce statut. Blick avait diffusé cette information le 1er juin. «[Le média] citait les propos d’une chargée de presse de l’organisation vaudoise, selon laquelle cette réflexion globale sur le statut de membre d’honneur […] ainsi que son actuelle raison d’être a été 'portée' suite à la situation Mike Horn, développe le CSP. L’article mentionnait également que quatre sponsors de l’explorateur avaient disparu de son site internet entre fin avril et début juin, mais qu’un nouveau était apparu.»
Le détail des accusations de Mike Horn
Dans la procédure, Mike Horn avait cherché démontrer que ces publications étaient «entachées d’erreurs», souligne le CSP. Le plaignant avait «produit un échange de courriers entre son avocat et le conseil de Vaud Promotion». Ces lettres étaient censées démontrer que les révélations de «Temps Présent» n’ont joué aucun rôle dans la décision de l’organe chargé d’accroître la notoriété, la compétitivité et l’attractivité du canton d’abolir le statut de membre d’honneur.
Mike Horn accusait en outre les journalistes de Blick et «24 heures» de ne pas avoir contacté Vaud Promotion pour se renseigner, alors que Blick citait une porte-parole de Vaud Promotion et «24 heures» sa directrice. Blick était aussi pointé du doigt pour avoir soi-disant induit «les lecteurs en erreur sur les motivations supposées des sponsors».
Pourquoi le Conseil suisse de la presse rejette sa plainte
Dans son texte, le CSP considère qu’il est démontré que les deux organes de presse ont bel et bien contacté Vaud Promotion. Et que la directrice de Vaud Promotion établissait elle-même une «relation de causalité entre les informations relayées par les médias au sujet du passé de l’explorateur et la décision du comité directeur de Vaud Promotion de saisir cette occasion pour 'évaluer' le statut de membre d’honneur […] et en proposer la révocation». Idem pour la porte-parole sollicitée par Blick.
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Quid du fameux échange de courriers qui prouverait l’inverse? «Il ne résulte pas de ces courriers, contrairement à ce que le plaignant soutient, un réel démenti des propos de la directrice, mais plutôt d’une tentative, relativement alambiquée, d’explication, de mise en contexte ou de relativisation», balaie le CSP. Mettre en relation la décision de Vaud Promotion et le reportage de «Temps Présent» n’est donc «pas critiquable».
«Rien de fallacieux, de trompeur ou contraire à la vérité»
Concernant les sponsors, maintenant. «Aux yeux du Conseil suisse de la presse, les deux médias ont procédé de manière régulière et conforme aux règles de la déontologie en cherchant à contacter différents sponsors et en rendant compte des réponses et des non-réponses, appuie le CSP. Contrairement à ce que pense le plaignant, il n’y avait rien de fallacieux, de trompeur ou contraire à la vérité de qualifié 'd’embarrassé' le silence observé par nombre d’entre eux.»
Enfin, ni Blick ni «24 heures» n’ont porté atteinte au respect de la vie privée de Mike Horn, tranche le CSP. Et ce, puisqu’ils ne se sont intéressés qu’à la vie publique du citoyen suisse, arrivé dans le canton de Vaud en 1990.