Nouvelles répliques du séisme provoqué par les révélations de la RTS sur le passé militaire, taché d'hémoglobine et d'apartheid, de Mike Horn! Alors que quatre sponsors semblent avoir officiellement lâché l'explorateur (lire encadré ci-dessous), Vaud Promotion a supprimé le statut honorifique institué par l'ancien Office du tourisme vaudois, autrefois attribué à l'aventurier devenu encombrant, lors de son assemblée générale du 30 mai.
Et ce, sans lui faire affront. Puisque, sur proposition du comité directeur, il a été décidé de supprimer purement et simplement ce titre, communique l'organe chargé d’accroître la notoriété, la compétitivité et l’attractivité du canton. Cinq autres personnalités sont concernées. Cette «réflexion globale sur le statut de membre d’honneur (...) ainsi que sur son actuelle raison d’être» a été «portée» «suite à la situation Mike Horn», écrivait Emilie Lambelet, cheffe de projet presse, dans un mail adressé à Blick le 25 avril. La communicante ajoutait: «À ce jour, le statut de membre d'honneur semble en effet obsolète, même si ce qu'ont accompli ces personnalités a offert un rayonnement unique et sans égal pour le canton.»
Argent public en jeu
Outre la star sud-africano-suisse, le «savanturier» Bertrand Piccard, l'aérostier Brian Jones, le chef étoilé Frédy Girardet, l'astronaute Claude Nicollier et le maître d'hôtel Louis Villeneuve avaient reçu ce titre. Vaud Promotion veut désormais donner la priorité à ses ambassadeurs Vaud+ pour faire rayonner la région.
Pour mémoire, les tâches et missions de la structure lui sont confiées par l’État, qui la subventionne. Sur cette base, le 24 janvier, la députée socialiste Jessica Jaccoud avait interpellé le Conseil d'État à la suite de la diffusion du désormais fameux «Temps Présent».
Parmi les questions incisives de l'ancienne présidente du parti cantonal: «Est-ce que le gouvernement estime que cet engagement [celui de Mike Horn auprès de Vaud Promotion] est compatible avec un rôle public de promotion du canton de Vaud?» Ou encore: «Comment le Conseil d’État considère-t-il la compatibilité entre le passé militaire de Mike Horn et son titre de membre d’honneur de Vaud Promotion?»
«Ce n'était plus tenable»
À ce jour, l'Exécutif n'a pas répondu à l'élue. Contactée par Blick, celle qui est aussi avocate réagit à la proposition du comité directeur de Vaud Promotion. «C'est une manière élégante de régler la problématique qui leur était soumise, sans y répondre et sans devoir se prononcer sur le statut de membre d'honneur de Mike Horn», tacle-t-elle d'entrée. Sur le fond, Jessica Jaccoud estime que «c'est bien la preuve qu'il n'était pas tenable de lui laisser ce titre avec les soupçons pesant sur lui, en lien avec son activité dans l'armée sud-africaine durant l'apartheid».
Fin avril, le site internet de Mike Horn affichait encore sept sponsors. Ce 1er juin, quatre — Speedcast, Icebreaker, Columbia et Swiza — n'y figurent plus. Un nouveau est apparu: Explora Journeys.
Contactée par Blick le 25 avril, l'entreprise jurassienne productrice des couteaux Swiza écrivait: «Nous sommes bien conscients de la polémique autour de Mike Horn et sommes sensibles à cette problématique. L’explorateur a été et reste une source d’inspiration pour beaucoup de personnes en quête d’aventure et d’évasion en pleine nature. (...) A ce stade, il ne serait pas approprié pour nous de commenter plus.» Helvetica Brands semble désormais avoir tranché et s'est éloigné de l'explorateur.
Début mai, Columbia nous avait fait savoir que le contrat avait pris fin le 31 décembre 2022, comme l'avait déjà rapporté «24 heures». En clair, avant la diffusion de l'enquête de «Temps Présent». Aucune autre n'a répondu à nos sollicitations.
Nouveau soutien de l'ex-militaire, Explora Journeys, société active dans les croisières de luxe, s'était justifié dans les colonnes du quotidien vaudois. «La nomination de Mike Horn en tant qu’ambassadeur est basée sur son engagement reconnu en faveur de la protection et de la conservation de l’environnement et sur son statut d’aventurier hors pair.»
Fin avril, le site internet de Mike Horn affichait encore sept sponsors. Ce 1er juin, quatre — Speedcast, Icebreaker, Columbia et Swiza — n'y figurent plus. Un nouveau est apparu: Explora Journeys.
Contactée par Blick le 25 avril, l'entreprise jurassienne productrice des couteaux Swiza écrivait: «Nous sommes bien conscients de la polémique autour de Mike Horn et sommes sensibles à cette problématique. L’explorateur a été et reste une source d’inspiration pour beaucoup de personnes en quête d’aventure et d’évasion en pleine nature. (...) A ce stade, il ne serait pas approprié pour nous de commenter plus.» Helvetica Brands semble désormais avoir tranché et s'est éloigné de l'explorateur.
Début mai, Columbia nous avait fait savoir que le contrat avait pris fin le 31 décembre 2022, comme l'avait déjà rapporté «24 heures». En clair, avant la diffusion de l'enquête de «Temps Présent». Aucune autre n'a répondu à nos sollicitations.
Nouveau soutien de l'ex-militaire, Explora Journeys, société active dans les croisières de luxe, s'était justifié dans les colonnes du quotidien vaudois. «La nomination de Mike Horn en tant qu’ambassadeur est basée sur son engagement reconnu en faveur de la protection et de la conservation de l’environnement et sur son statut d’aventurier hors pair.»
De son côté, Vaud Promotion met en avant l'obsolescence d'un statut attaché à l'ancien Office du tourisme vaudois qui n'existe plus en tant que tel. Le vote de l'assemblée générale de Vaud Promotion paraît cependant faire écho à une décision du gouvernement sud-africain, tombée fin avril. Le président, Cyril Ramaphosa, avait alors tranché: Mike Horn ne serait finalement pas décoré d'un «Nation Order», la Légion d'honneur locale.
Regretter, mais assumer
Pour rappel, le très médiatique citoyen de Château-d’Œx (VD) s’était engagé volontairement — dans le cadre de son service militaire obligatoire — dans le bataillon 101 de l’armée sud-africaine, en plein apartheid, alors qu’il n’avait pas 20 ans, en 1986. En d'autres termes, il a combattu pour une unité d’élite de contre-insurrection «spécialisée dans la traque et l’élimination de l’ennemi», notamment active en Namibie actuelle, pour le compte du régime raciste. Les protagonistes du reportage — dont d’anciens frères d’armes — parlent de chasse à l’homme, de rouler sur les ennemis avec des blindés légers, de tueries politiques et de crimes de guerre.
Face caméra, Mike Horn s'était mal défendu, avant de faire savoir qu'il regrettait «d'avoir participé à ces opérations», bien qu'il assumait «parfaitement» tout ce qu'il avait fait dans sa vie. Après deux semaines de tollé, Mike Horn était sorti de son mutisme dans «L’illustré» et sur les réseaux sociaux, où il compte plus de 2 millions de followers au total. Le quinquagénaire avait notamment souligné n’avoir jamais soutenu l’apartheid ou fait partie d’opérations politiques, comme l’assassinat de l’activiste namibien Immanuel Shifidi, le 30 novembre 1986, dont le bataillon 101 est responsable.