C'est difficile à croire: l'UBS, la plus grande banque suisse, a réalisé un bénéfice juteux et a gagné plus de 7 milliards de francs en 2022, ce qui n'était plus arrivé depuis 2006. Elle gâte donc ses actionnaires avec une augmentation du dividende de 10% et rachète ses propres actions pour plus de 5 milliards de francs. Cela devrait réjouir les actionnaires, car cela augmente de fait la valorisation de la banque – et donc le cours de l'action à moyen terme.
Seuls les épargnants restent sur leur faim. Cela alors que le patron d'UBS, Ralph Hamers, a mentionné lors de la séance de questions-réponses sur les résultats annuels que la banque venait d'augmenter les taux d'épargne. C'est techniquement vrai: ils sont passés de 0 à 0,1%, un changement valable à partir du 1er février.
À titre de comparaison, les taux hypothécaires se situent actuellement en Suisse entre 2 et 3% en moyenne, selon le type et la durée de l'hypothèque.
Une hausse rapide des taux d'intérêt hypothécaires
Même s'il est évident que les taux d'épargne ne s'envolent pas dès la première hausse du taux directeur de la BNS, il faut beaucoup de temps pour que l'épargne rapporte à nouveau quelques intérêts. Et ce, avec un taux d'inflation actuellement bien supérieur à 2%. Cela signifie qu'en termes réels, l'argent sur le compte en banque vaut moins à la fin de l'année.
«Lorsque les taux directeurs augmentent, les banques relèvent rapidement les taux hypothécaires. Ce n'est que dans une deuxième phase du cycle des taux d'intérêt que les taux d'épargne augmentent également», explique Andreas Venditti, analyste actions à la banque Vontobel.
Combien de temps va-t-on attendre pour que les taux d'épargne augmentent fortement en Suisse? Difficile à dire, répond Andreas Venditti, car cela dépend beaucoup des nouvelles hausses de taux de la BNS, du comportement des clients et de l'environnement concurrentiel. En d'autres termes: tant que les autres banques en Suisse ne bougeront pas davantage, l'UBS maintiendra elle aussi ses taux d'épargne à un bas niveau.
Les affaires suisses en profitent
Cela rend la banque particulièrement forte sur le marché national. «Ce sont justement les affaires suisses qui ont fortement profité de cette différence de taux», explique Andreas Venditti. Le CEO d'UBS, Ralph Hamers, sait exactement ce qu'il doit à ce pilier fort de son établissement. «En Suisse, nous avons défendu notre position de leader incontesté sur le marché», a-t-il déclaré – non sans fierté – lors de la présentation des résultats annuels.
Certains actionnaires semblent toutefois en avoir assez de l'action UBS pour le moment – et vendent après l'annonce des résultats annuels. Le titre a récemment perdu plus de 2%. Pour Ralph Hamers, ce n'est pas une surprise: «L'action a très bien commencé l'année.» Des «corrections» sont donc normales. Andreas Venditti comprend également ce phénomène comme découlant des prises de bénéfices des actionnaires.