Ce sont des révélations explosives qu'avance la «SonntagsZeitung» ce 1er septembre: l'ancien ministre des Finances Ueli Maurer aurait rencontré régulièrement et secrètement le patron de la Banque nationale Thomas Jordan et le président de Credit Suisse Axel Lehmann avant l'effondrement de la banque l'an dernier. Tout cela, dans le dos du Conseil fédéral.
C'est ce qui ressort d'un rapport de la commission d'enquête parlementaire (CEP). Celui-ci est à la disposition de toutes les personnes concernées, écrit la «SonntagsZeitung». Elles peuvent désormais consulter les passages du rapport qui les concernent, vérifier leurs déclarations et prendre position à ce sujet.
Les rencontres ont eu lieu les week-end entre octobre 2022 et la démission de Ueli Maurer à la fin de la même année. Elles n'ont pas fait l'objet d'un procès-verbal, il n'y a même pas de notes au dossier. Leur contenu n'aurait pas non plus été transmis au Conseil fédéral ou aux services compétents.
Ueli Maurer était inquiet
Personne ne semblait au courant de ces rencontres: «Ni le Conseil fédéral, ni la secrétaire d'État compétente Daniela Stoffel du Département des finances ou sa collègue de la Direction des finances», écrit le journal avant de poursuivre: «Contrairement à ce que Ueli Maurer a dit à ses collègues, il était bel et bien préoccupé par l'état de Credit Suisse.» L'ancien chef du Département des finances aurait caché à l'ensemble du Conseil fédéral que la banque était confrontée à de sérieux problèmes dès le printemps 2022.
Karin Keller-Sutter, qui a repris le département, n'a visiblement pas voulu s'engager dans ces rencontres informelles. Selon le journal, le Département des Finances et la Banque nationale suisse ont refusé de prendre position. Le rapport de la CEP devrait être publié en novembre.
Des indiscrétions qui agacent les autorités
L'article de la «Sonntagzeitung» fait manifestement des vagues sous la coupole fédérale. Et les indiscrétions qui ont permis la réalisation de cette enquête risquent bien d'avoir ont des conséquences. Les journaux du groupe CH-Media écrivent lundi que les membres de la CEP contactés par leurs soins n'ont pas manqué de rappeler «l'obligation absolue de garder le secret.» Or, il semblerait que chaque conversation téléphonique avec un journaliste soit enregistrée.
«Les travaux de la CEP sont liés au secret des commissions et à l'obligation de garder le silence selon l'article 169 de la loi sur le Parlement. Les infractions peuvent être sanctionnées pénalement et la CEP se réserve le droit de déposer une plainte pénale si des contenus de son enquête sont partagés avec le public avant la fin de celle-ci», écrit le bureau de la CEP dans une prise de position.
Comme les journaux CH-Media l'ont appris d'une source, les autorités entendent bien prendre l'affaire au sérieux: le dépôt d'une plainte pénale devrait être formellement décidé lors de la prochaine réunion de la commission. Puis ce sera au tour du Ministère public de la Confédération (MPC) d'intervenir.