De bien mystérieuses suppressions de postes
Ueli Maurer assure avoir viré 700 fonctionnaires durant son mandat: où sont-ils passés?

L'ex-conseiller fédéral Ueli Maurer affirme avoir supprimé 700 postes au sein de l'administration fédérale pendant son mandat. Selon lui, ils auraient été repourvus après son départ. Mais est-ce vraiment le cas? Blick a enquêté sur ces mystérieux emplois disparus.
Publié: 28.08.2024 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 28.08.2024 à 08:13 heures
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Ueli Maurer a cédé le Département des finances à Karin Keller-Sutter fin 2022.
Photo: IMAGO/Pond5 Images
Rolf Cavalli

La Confédération se prépare à une bataille budgétaire difficile. Avec des dépenses croissantes, notamment concernant l'armée et l'AVS, le Conseil fédéral et le Parlement doivent passer au crible chaque centime pour éviter que le déficit de 700 millions de francs prévu pour 2025 ne s'aggrave. La pression pour faire des économies est immense. Même les fonctionnaires pourraient être touchés: l'Union démocratique du centre (UDC) en particulier voit un potentiel d'économie de 1,5 milliard de francs dans le personnel de l'Administration fédérale, qui emploie actuellement environ 43'000 personnes.

Y a-t-il du gras dans cette administration, duquel on pourrait facilement se débarrasser sans affecter les missions de la Confédération? Une récente déclaration de l’ancien conseiller fédéral UDC Ueli Maurer semble indiquer que oui. Voire, que cela ne poserait pas le moindre problème!

«Plus on a de subordonnés, plus on paraît important»

Dans un portrait récemment publié dans la «NZZ», Ueli Maurer se présente comme un magistrat exemplaire qui a su faire des économies dans son propre département. Il affirme avoir supprimé 700 postes sans que cela ne se remarque. Mais aujourd'hui, ces postes auraient déjà été réattribués. La nature humaine, selon Ueli Maurer: «Plus on a de subordonnés, plus on paraît important.»

Avec cette déclaration, l'ancien homme d'État jette de l'huile sur le feu dans le débat sur les coupes budgétaires et critique indirectement sa successeure, Karin Keller-Sutter qui a pris la tête du département en 2023. A-t-elle rétabli les 700 postes que Maurer prétend avoir supprimés? L'affaire, si elle se révèle vrai, est explosive.

Blick a donc vérifié les faits et commandé les chiffres officiels de l'Office fédéral du personnel. Voici ce qu'ils montrent:

En 2016, première année du ministre des Finances, le Département des finances comptait 8761 postes à plein temps. En 2022, dernière année de mandat de Maurer, il y avait 8756 postes, soit pratiquement le même nombre. Sous Karin Keller-Sutter, l'année suivante, il est fait mention de 8727 postes.

La première conclusion semble claire: les chiffres officiels ne confirment pas les affirmations d'Ueli Maurer. Ni qu'il a supprimé 700 postes, ni que ceux-ci auraient été recréés après lui.

Le DDPS contredit les déclarations de son ancien chef

Avant d'être ministre des Finances, Ueli Maurer était chef du Département militaire (2009-2015). A-t-il éventuellement biffé 700 emplois durant cette période?

À la demande de Blick, voici la réponse du DDPS: «Au début du mandat du conseiller fédéral Maurer en 2009, l'effectif moyen du DDPS était de 11'719 postes à plein temps. A la fin de son mandat en 2015, le DDPS employait 11'707 postes à plein temps, c'est-à-dire pratiquement le même nombre.» Le DDPS dément donc que son ancien chef ait supprimé 700 postes.

L'ex-ministre des Finances a-t-il fait une erreur de calcul?

Comment Ueli Maurer en est-il donc arrivé à cette affirmation? Un malentendu dans le texte de la NZZ peut être exclu. Son autrice, Margrit Sprecher, confirme avoir soumis le passage délicat des 700 postes supprimés avant l'impression à Ueli Maurer. Il n'aurait pas changé une seule syllabe.

L'ancien ministre des Finances a-t-il tout simplement fait une erreur de calcul? Ou 700 postes dont seul l'ancien conseiller fédéral a connaissance ont-ils disparu quelque part dans l'Administration fédérale? Blick a demandé des explications à Ueli Maurer. Il n'était pas joignable dans l'immédiat pour une prise de position.

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