Cette femme a un plan radical. La députée allemande Gerrit Huy veut chasser de son pays les millions d'«étrangers» vivant en Allemagne, qu'ils aient ou non la nationalité. Gerrit Huy, qui siège au Bundestag allemand pour le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), a participé le 25 novembre à une réunion secrète avec le néonazi autrichien Martin Sellner et une vingtaine d'autres représentants de la droite au Landhotel Adlon près de Potsdam.
Ue plan secret de «nettoyage» de l'Allemagne avait été rendu public par le collectif de recherche Correctiv. Les déclarations faites lors de la rencontre ont déclenché une tempête d'indignation.
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Retirer le passeport aux Allemands
Gerrit Huy y aurait par exemple déclaré qu'elle avait déjà «apporté un concept de remigration» lorsqu'elle avait rejoint l'AfD, et ce, il y a sept ans. Elle aurait aussi participé de manière proactive à l'élaboration du programme du parti. Comme l'a confirmé un tribunal, le service allemand de protection de la Constitution est autorisé à classer le parti parmi les cas suspects d'extrême droite. Mais également à le surveiller de près.
A Potsdam, Gerrit Huy a expliqué qu'en raison de son concept de «remigration», l'AfD n'était plus contre la double nationalité. «Car si on peut leur retirer celle d'Allemagne, ils en auront toujours une autre», aurait-elle déclaré.
L'enquête de Blick a permis de mettre en lumière que la politicienne allemande entretient des relations étroites avec la Suisse, et ce, jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. Elle aurait même des liens avec des entreprises fédérales suisses.
Une femme de l'AfD chez Parmelin
En décembre 2022, Gerrit Huy a visité la Berne fédérale avec une délégation du groupe parlementaire germano-suisse. Les députés, chargés d'entretenir les relations entre l'Assemblée fédérale suisse et le Bundestag allemand, ont été reçus au Palais fédéral par le président du Conseil national de l'époque, Martin Candinas (Centre).
Gerrit Huy a ensuite été invitée à rendre visite au ministre de l'Économie Guy Parmelin (UDC). Elle en avait parlé sur son profil Facebook. Elle avait notamment mentionné les négociations suisses avec l'UE.
Face à Blick, le Département de l'économie de Guy Parmelin évite le fait que le Conseil fédéral a reçu les politiciens allemands, à la demande de la présidente de la délégation suisse pour les relations avec le Bundestag allemand. Un porte-parole précise: «Il s'agissait d'une visite d'une délégation et non de parlementaires individuelles.»
Une ambassadrice les a également rencontrés
Mais la Suisse s'est montrée très conciliante envers Gerrit Huy et les autres politiciens allemands. Même la secrétaire d'État du Département fédéral des affaires étrangères de l'époque, Livia Leu, les a rencontrés. Elle est aujourd'hui ambassadrice de Suisse à Berlin. Interrogé sur la question de savoir si elle entretient encore des contacts avec la politicienne de l'AfD, le Département fédéral des affaires étrangères ne répond pas. Il ne souhaite pas faire de commentaire sur le sujet, indique-t-il à Blick.
Enfin, Gerrit Huy s'est rendu avec la délégation au siège principal des CFF et s'est entretenu avec le chef des chemins de fer Vincent Ducrot au sujet des transports publics. S'agit-il vraiment d'une visite unique à laquelle l'Allemande a participé en tant que membre d'une délégation? Non. La politicienne de l'AfD connaît parfaitement l'économie suisse. De 1998 à 2003, elle a dirigé les affaires de Swisscom en tant que membre du conseil d'administration. L'entreprise de télécommunications appartient toujours majoritairement à la Confédération suisse.
Gerrit Huy défend le concept de remigration
Gerrit Huy elle-même a réagi à l'enquête de Correctiv: elle a annoncé sur X qu'elle avait déposé une plainte pénale contre l'enquête. L'«attaque d'écoute et de photos lors d'une réunion privée est, à mon avis, criminelle», lance-t-elle. La «campagne de dénigrement» a tout de même permis de lancer un débat public sur la remigration, ce qui apporte de l'eau au moulin de l'AfD.
Après la découverte de la réunion secrète, des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Berlin et Potsdam pour le maintien de la démocratie. Le chancelier Olaf Scholz et la ministre Annalena Baerbock faisaient partie des participants. Selon les organisateurs et la police, 25'000 personnes se sont rassemblées à la porte de Brandebourg.