Elon Musk a vivement critiqué samedi le soutien de Berlin à des ONG secourant des migrants en Méditerranée. La veille, il avait partagé un post prônant une victoire électorale du parti allemand AfD (droite dure).
«Est-ce que le public allemand est conscient de cela?», a écrit vendredi le milliardaire sur son réseau social X (ex-Twitter) en partageant un post d'un compte baptisé «RadioGenoa» dénonçant des sauvetages de migrants en Méditerranée par des ONG soutenues par Berlin et concluant «espérons que l'AfD gagne les élections». Des élections régionales doivent avoir lieu le 8 octobre en Allemagne, en Bavière (sud) et en Hesse (centre).
Berlin contre-attaque immédiatement Musk
«Oui, c'est ce qu'on appelle sauver des vies», a répondu sur X le ministère allemand des Affaires étrangères à ce citoyen américain et canadien né en Afrique du Sud qui vit aux Etats-Unis.
«Donc, vous en êtes fiers en fait. Intéressant. Franchement, je doute qu'une majorité de l'opinion allemande soutienne cela. Avez-vous fait un sondage? C'est certainement une violation de la souveraineté de l'Italie que l'Allemagne transporte un large nombre d'immigrants illégaux sur le sol italien? Cela fait penser à une invasion...», a renchéri dans la nuit de vendredi à samedi le patron du constructeur de véhicules électriques Tesla et de SpaceX.
«Si un gouvernement dans une démocratie va à l'encontre de la volonté du peuple, il faut voter contre» ce gouvernement, a-t-il ajouté plus tard samedi dans un post public qu'il a adressé au ministère allemand. Entre temps Elon Musk a précisé être «complètement favorable à une importante extension et à la simplification l'immigration légale».
Tensions entre Berlin et Rome
Vendredi la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, dont le parti postfasciste Frères d'Italie de Mme Meloni a été élu en grande partie sur la promesse de réduire l'immigration massive vers l'Italie, a averti que son pays ne voulait plus accueillir de migrants sauvés par des ONG étrangères. Rome reproche à Berlin de financer plusieurs ONG de secours en Méditerranée, dont certaines opèrent sous pavillon allemand. Giorgia Meloni a écrit cette semaine au chancelier Olaf Scholz pour lui faire part de sa «stupéfaction» vis-à-vis de ces subventions.
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a défendu jeudi le rôle des ONG qui viennent au secours des migrants tentant d'entrer en Europe via l'Italie. «Sauver les personnes de la noyade en mer est une obligation légale et européenne», a-t-elle souligné. Berlin avait confirmé à l'AFP allouer entre 400'000 et 800'000 euros chacun à deux projets liés aux migrants, avec l'approbation du Parlement allemand.
Le nombre des arrivants en Italie sur des bateaux en provenance d'Afrique du Nord a augmenté, avec plus de 130'000 migrants enregistrés jusqu'à présent cette année, contre 'pour la même période de 2022, selon Rome.
Olaf Scholz a de son côté estimé dans un entretien au groupe de médias Redaktionsnetzwerk Deutschland paru jeudi que le nombre de demandeurs d'asile était «actuellement trop élevé». Son gouvernement est «tout à fait d'accord» avec l'idée qu'il «faudrait mettre fin à l'immigration irrégulière dans l'Union européenne» (UE). «Cela ne peut être fait qu'ensemble et avec solidarité», a ajouté le chancelier, soulignant qu'il soutenait les mesures pour protéger les frontières de l'UE.
Le sujet poussé par l'AfD
Mercredi l'Allemagne avait annoncé le renforcement de ses contrôles aux frontières avec la Pologne et la République Tchèque où les flux de migrants sont en forte hausse. L'accueil des réfugiés est revenu au centre des débats en Allemagne avec la forte poussée de l'AfD dont les intentions de vote atteignent des records.
Début septembre Elon Musk avait menacé de poursuivre en justice l'Anti-Defamation League (ADL, qui combat l'antisémitisme et le racisme), qu'il accuse de diffamation à l'encontre de son réseau social.
L'UE s'est divisée sur la manière de gérer le problème depuis que la crise des migrants a débuté en 2015, lorsque plus d'un million d'entre eux sont arrivés sur les côtes européennes.
(ATS)