Johanne Gurfinkiel s’étrangle. «Ces propos sont consternants et absurdes, tonne le secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD). Je pense que Madame Emmylou Maillard serait bien inspirée d’explorer ses livres d’histoire pour comprendre ce qu’était l’étoile jaune et le sort qui attendait les juifs qui portaient ce symbole.»
Il attend des excuses publiques de l’UDC Vaud. Ce jeudi soir, durant le congrès du parti — qui a validé la candidature de Michaël Buffat pour le Conseil d’Etat en vue des élections cantonales de mars — Emmylou Maillard, la présidente des jeunes du parti, a fait une grosse sortie de route lorsqu’elle a appelé à voter non à la loi Covid le 28 novembre.
«Aujourd’hui on en est à devoir porter une étoile jaune», a-t-elle protesté devant une centaine de délégués, rapporte «24 heures». Après cette phrase portant sur le signe distinctif imposé aux juifs par les nazis dès 1941 et par le régime de Vichy dès 1942, la présidente des Jeunes UDC Vaud a poursuivi dans la même veine: «Jusqu’où ira le traçage numérique, jusqu’où ira la dictature sanitaire?».
Un «problème d’ignorance»
Johanne Gurfinkiel ne décolère pas: «Ce dérapage, si on considère qu’il s’agit d’un dérapage, trahit au minimum un problème d’ignorance. J’y vois une volonté de faire le buzz et d’utiliser des symboles de la Shoah pour mobiliser un auditoire. Cette comparaison est une injure faite à l’Histoire, à un génocide et à toutes les personnes qui ont un minimum de considération pour ces événements tragiques».
Le Genevois révèle qu’il était déjà intervenu auprès de l’UDC Vaud il y a un peu plus d’une année, après qu’un jeune UDC avait porté un t-shirt affublé de symboles néonazis. «Kevin Grangier, le président du parti, m’assurait alors qu’il était extrêmement vigilant et ferme face à tout débordement. Il en va de sa responsabilité de président d’intervenir avec fermeté sur ce cas. A minima une condamnation publique et sans ambiguïté des propos qui ont été tenus. En parallèle j’encouragerais, et la CICAD se tient à la disposition de l’UDC, une démarche éducative pour éveiller celles et ceux qui seraient tentés par la banalisation de l’Histoire.»
L’UDC condamne la comparaison
Pendant le congrès déjà, certains se sont indignés du discours d’Emmylou Maillard, relate encore «24 heures». «Les victimes des nazis se retourneraient dans leur tombe en vous entendant», a notamment répliqué un membre de l’UDC. À la toute fin du débat, la jeune présidente a rétropédalé: «Je m’excuse, mon but n’était pas de choquer, ni de me moquer des victimes».
Contacté, Kevin Grangier ne se dérobe pas. «Je répète ce que j’avais dit à Monsieur Gurfinkiel: l’UDC réprouve toutes les idéologies qui nient la dignité humaine, assure-t-il. Notre parti appelle ses membres, et aussi ceux du camp d’en face, à rester dans les limites de l’acceptable.»
Concernant les propos d’Emmylou Maillard, le président de l’UDC Vaud dit «condamner ce genre de comparaisons qui ne sont pas pertinentes». Il relève toutefois la réaction de celle qui préside par ailleurs le conseil communal de Vallorbe: «Elle a tout de suite compris qu’elle avait complètement dérapé et a corrigé ses propos dès qu’elle a eu la parole.»
Il marque une courte pause. «Je regrette qu’on en vienne toujours à faire des comparaisons avec la période nazie, ce n’est jamais correct. Que ce soit quand certains d’entre nous le font et aussi quand d’autres le font contre nous.»
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De son côté, Emmylou Maillard, également jointe par Blick, présente à nouveau ses excuses. «Je me suis rendue compte que j’étais allée trop loin avant même les réactions de certains membres du congrès, certifie-t-elle. J’ai été prise émotionnellement dans le débat, parce que nous, les jeunes, sommes très touchés par la crise Covid. Nous n’avons plus nos libertés et c’est que je voulais dire. Je regrette sincèrement ma comparaison choquante, je n’aurais jamais dû la faire».