Lorsqu'il se présente à l'entrée principale du Palais fédéral, Islam Alijaj doit sonner. En effet, le conseiller national socialiste (PS) en fauteuil roulant ne peut pas entrer seul. Mais ce n'est de loin pas son seul obstacle: les cabines téléphoniques ou la mezzanine ne sont pas non plus accessibles en fauteuil roulant. De plus, les ascenseurs sont souvent en panne, comme l'a révélé le député dans le magazine «Bildung Schweiz». Un manque d'infrastructures adaptées qui l'ont fait manquer des votes importants à plusieurs reprises.
«Pour être tout à fait honnête, en 38 ans de carrière en tant qu'élu handicapé, je suis habitué à beaucoup de choses.» Islam Alijaj vit depuis sa naissance avec une paralysie cérébrale, raison pour laquelle il se déplace en fauteuil roulant.
Mais comment se fait-il que l'un des bâtiments les plus importants de toute la Suisse ne soit pas accessible aux personnes handicapées? Il s'agit pourtant du lieu où il a été décidé qu'elles devaient pouvoir voyager en toute indépendance dans les transports publics. «Le Palais fédéral reste le miroir de la société: un espace dans lequel les personnes en situation de handicap sont trop souvent négligées», confie Islam Alijaj.
La protection des monuments avant tout?
Lorsqu'on les interroge à ce sujet, les Services du Parlement font notamment référence aux restrictions architecturales. En effet, le Palais fédéral est classé monument historique et ne peut donc pas être modifié aussi aisément que n'importe quel autre bâtiment.
Malgré cela, on entreprend depuis des années des adaptations pour le rendre plus accessible. Il s'agit notamment de l'installation de rampes et d'ascenseurs qui desservent tous les étages. Lors d'une dernière transformation importante en 2021, le pupitre du Conseil national a également été équipé d'une rampe et des accès aux places présidentielles ont été créés dans les deux salles.
Pour les personnes avec un handicap visuel ou auditif, l'éthique de la signalisation a été adaptée, les ascenseurs ont été équipés d'indications acoustiques et une brochure en braille est disponible.
«Les conditions de travail doivent être adaptées»
L'un de ceux qui suivent scrupuleusement ces adaptations depuis leurs débuts est le conseiller national du Centre, Christian Lohr. Il est né avec un handicap dû à la thalidomide et, comme Islam Alijaj, il se déplace en fauteuil roulant. Lors de son arrivée au Conseil national en 2011, il a trouvé la situation «satisfaisante». Il ne veut donc pas parler de véritables obstacles, mais plutôt de solutions qui ont pu être trouvées avec les services du Parlement dans le cadre d'un dialogue «constructif», selon lui.
«Pour moi, il était important d'être toujours impliqué dans les mesures d'optimisation, explique Christian Lohr. Les conditions de travail doivent nous convenir à tous. Et il faut y travailler sans cesse.»
Un obstacle parmi tant d'autres
Islam Alijaj loue, lui aussi, le bon travail des huissiers. «Les services parlementaires font un travail fantastique, ils réfléchissent toujours et éliminent les barrières là où c'est possible.» Malgré tout, ce travail n'est, à ses yeux, pas encore terminé. A commencer par l'entrée principale et ses escaliers, qui doivent être adaptés. Les services du Parlement confirment que des études sont en cours et qu'une rampe devrait bientôt permettre d'accéder plus facilement à l'entresol.
Pour Islam Alijaj, le Palais fédéral n'est que la pointe de l'iceberg. «Comparé à l'extérieur, cet endroit est le prélude au paradis.» Il se bat donc pour que les gares, par exemple, deviennent aussi accessibles que l'est aujourd'hui le Palais fédéral. «Je ne peux pas prétendre mener ce combat si je roule tranquillement dans un palais confortable alors que mes camarades de lutte ne peuvent même pas monter dans leur train.»