Les images durent à peine deux secondes, mais elles font froid dans le dos. Filmée à Clermont-Ferrand, en France, la séquence montre quatre policiers entourant un jeune homme en fauteuil roulant. Une agente tire sur la manche de son collègue qui retient le jeune homme en situation de handicap par le bras, tandis qu'un autre policier lui assène un coup de poing au visage.
La scène, capturée par un étudiant et publiée mardi 11 mars sur X, a rapidement suscité des réactions. Selon Franceinfo, la procureure de la République de Clermont-Ferrand, Dominique Puechmaille, a expliqué que le jeune homme avait insulté les policiers et tenté de les faire chuter en leur fonçant dessus avec son fauteuil roulant. Il a depuis été entendu en audition libre.
Selon la magistrate, «son état mental est très instable et une expertise est nécessaire avant toute réponse pénale.» Les policiers ont «donné leur version des faits» et ont porté plainte.
«Il s'en vantait»
Yasin Chelly, un étudiant en droit de 18 ans, a posté la vidéo en ligne. Il explique que la scène s'est déroulée dans le cadre d'une intervention policière dans le quartier. Il a alors vu Raphaël, le jeune homme frappé au visage, se diriger vers les policiers «en les insultant». Selon l'étudiant en droit, d'autres policiers sont ensuite intervenus pour apaiser la situation.
L'auteur de la vidéo est un autre étudiant, Kaïs. Avant qu'il dégaine son téléphone portable, le policier aurait étranglé Raphaël. Et après avoir asséné le coup de poing, «il s'en vantait, auprès de ses collègues», assure-t-il.
Le jeune homme témoigne
Mercredi, Raphaël a pris la parole auprès de France 3. «Je montais une pente quand j’ai vu les CRS. Je suis très ami avec les policiers de Clermont, on se fait des doigts d’honneur pour rire. J’ai fait ça en pensant que c’étaient eux, mais c’étaient des CRS venus d’ailleurs», explique-t-il.
Il dit ne plus se souvenir précisément de la scène: «Ils m'ont pris à partie. Le policier m'a attrapé par le cou. Il m'a asséné un coup sans crier gare. Je ne me rappelle plus ce qui s'est passé après, c'est le trou noir. Tout est allé très vite.» Il s’en est sorti avec un œil au beurre noir et un hématome sur le nez.
Une tournure politique
Les images ont rapidement provoqué une onde de choc dans la classe politique. «Cet acte est injustifiable autant que disproportionné. Toute la lumière doit être faite par la justice sur cette violence qui ternit l'engagement des forces de l'ordre pour la sécurité des habitants», a réagi Olivier Bianchi, maire socialiste de Clermont-Ferrand.
De son côté, la députée LFI Marianne Maximi a saisi la procureure de la République. Mais la réponse de la magistrate, en ligne avec ses déclarations aux médias, a provoqué son indignation. «Un récit se met en place: il est responsable et les policiers sont victimes. Les violences policières sont invisibilisées alors que son geste est disproportionné», a-t-elle dénoncé sur X.
Une source policière a confirmé à franceinfo qu’une enquête administrative était en cours. Reste à savoir si elle suffira à apaiser les tensions.