Dans la nuit de jeudi à vendredi, la tempête Frederico a balayé la Suisse. Des vents de 171 km/h – soit la force de ceux d'un ouragan – ont été recensés et dans certains cantons, les services de secours sont intervenus une centaine de fois. Dans la région de Berne, des arbres sont tombés et des panneaux de chantier ont été emportés comme des fétus de paille. Un homme de 72 ans, qui se trouvait dans sa voiture, est mort après avoir été blessé par la chute d'un arbre.
Frederico n'est toutefois pas le premier incident météorologique de l'année. Pire: les intempéries sont également plus violentes qu'auparavant. C'est ce qu'a révélé une enquête de Blick auprès des plus grands assureurs suisses. Tous ont fait état de rafales de vent plus extrêmes, de fortes pluies plus fréquentes et de grêlons d'une taille inhabituelle.
Axa, l'un des plus grands assureurs du pays, a par exemple constaté «que les intempéries surviennent aujourd'hui à plus court terme qu'auparavant et que leur intensité a augmenté. Maintenant, de fortes pluies dans des zones densément peuplées peuvent couper les routes et provoquer de graves inondations.»
Helvetia fait également état d'une «nette augmentation des dommages dus aux intempéries depuis 2020», et chez la Bâloise, les sinistres ont augmenté au cours des dix dernières années.
Sur la météo
Le montant des dégâts atteint déjà 90 millions de francs pour 2023
Le Tessin est le canton le plus durement touché par les intempéries ces dix dernières années. Selon Axa, la grêle n'y a pas seulement causé plus de dommages qu'ailleurs. Désormais, le risque de foudre y est aussi six fois plus élevé que dans le reste de la Suisse. Par rapport à Bâle ou Vaud, le risque est même plus de trente fois plus élevé.
Mais si le Tessin est particulièrement touché, la plupart des cantons subit également des «événements extrêmes» devenus nettement plus fréquents.
L'assurance Allianz a enregistré en 2023 une forte augmentation des sinistres et de leur coûts. Selon l'assureur, l'intensité des événements serait «exceptionnelle». L'orage du 24 juillet à La Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel, avait par exemple fait un mort et 40 blessés. La vitesse du vent sur l'aérodrome local avait atteint 217 km/h, et selon Météo Suisse, il s'agissait de l'un des pics de vent les plus élevés jamais enregistrés à basse altitude en Suisse.
Quelques semaines plus tard en août, des grêlons aussi gros que des balles de golf avaient endommagé de nombreuses voitures et brisé des vitres dans le Tessin. Dans certaines régions, l'électricité a été coupée. En mai, une autre pluie d'énormes grêlons avait même aplati la Swissminiatur à Melide.
Chez tous les assureurs interrogés, la grêle est ainsi devenue la cause des sinistres les plus graves, et dont les conséquences seraient les plus coûteuses. «Les dégâts causés par la grêle sur les voitures représentent l'essentiel des dommages liés aux intempéries» indique Axa.
Au cours des dix dernières années, les coûts annuels de réparations supportés par Axa sont ainsi passés de 53 millions en 2016, à près de 300 millions en 2021. Pour 2023, l'assurance s'attend même à débourser 90 millions de francs.
Toutefois, si le danger lié aux évènements climatique a augmenté, les dommages financiers ont été relativement maîtrisés, grâce notamment aux mesures préventives prises par la Confédération, les cantons et les communes: «Les investissements tels que les galeries de délestage des crues, les bassins de rétention, le rehaussement des digues ou la carte nationale des dangers de crues portent leurs fruits» estime ainsi Axa.