L'accusation de «radicalisation» est rare dans les milieux protestants romands. C'est le reproche d'un professeur honoraire de théologie à l'encontre de la Haute école de théologie protestante de Saint-Légier (HET-PRO), dans les hauteurs de Vevey (VD), relève mardi la RTS, à la suite d'un article de Protestinfo paru dans «Le Temps».
L'établissement à tendance évangélique soulève des critiques depuis 2017 et souhaite obtenir le statut de haute école spécialisée (HES), dans l'objectif de former diacres et pasteurs autorisés à pratiquer en Suisse. Mais ça n'a pas l'air de passer au sein de tous les adeptes du cursus classique en théologie, à l'Université de Lausanne (UNIL).
Des protestants radicalisés?
Dans un article scientifique paru dans la revue ThéoRèmes, le théologien renommé Pierre Gisel accuse la HET-PRO d'être un «lieu de radicalisation intra-protestant». Il critique le «rapport à la vérité et au monde» de l'école, et notamment son manque d'ouverture, son détachement culturel et sa «focalisation sur les dangers liés à l'islam».
Pour Jean Decorvet, recteur de l'établissement vaudois interrogé dans «Le Temps», «parler de noyautage et d’agenda caché est un fantasme». Il évoque le besoin de son école de répondre «aux besoins d'un protestantisme diversifié». En somme, cette actualité pose la question délicate de la relation entre tradition évangélique et tradition réformée de la religion protestante en Suisse.