Pendant plus de 20 ans, un ibis à crinière très particulier a vécu à Zurich dans la forêt tropicale (ndlr: artificielle) de Masoala. Il portait le numéro de bague 51685. Il est mort la semaine dernière. Les animaux individuels ne jouent normalement qu'un rôle secondaire au zoo de Zurich. En effet, le zoo de Zurich ne protège pas les animaux en soi, il protège les espèces – une différence majeure qui donne souvent lieu à des malentendus. Ce n'est pas l'animal individuel qui est au centre de notre action, mais l'espèce dans son ensemble.
Dans ce cas particulier, l'individu est cependant un exemple parfait de protection des espèces réussie. En effet, lorsque l'ibis à crinière mentionné plus haut est sorti de son œuf il y a un peu plus de 20 ans, il a fait sensation: il a été le premier poussin au monde à éclore en dehors de son habitat d'origine, Madagascar, et à être élevé avec succès par ses parents.
Et ce n'est pas tout: par sa naissance, le mâle a jeté les bases d'un élevage extrêmement réussi de cette espèce d'oiseau malgache menacée. En 20 ans, l'ibis à crinière mâle a engendré de nombreux descendants. Son bilan: 40 jeunes directs, 132 petits-enfants, 92 arrière-petits-enfants, 31 arrière-arrière-petits-enfants et 9 arrière-arrière-arrière-petits-enfants. Il a ainsi contribué de manière déterminante à la préservation de cette espèce exclusivement malgache.
Plus que 2500 individus
Il ne reste plus que 2500 spécimens dans les forêts tropicales de l'île africaine. Le déboisement, la culture sur brûlis et la chasse font beaucoup de mal à l'ibis à crinière. Le Zoo de Zurich s'engage depuis 1995 dans son projet de protection de la forêt Masoala pour la préservation de la nature malgache.
Malgré les efforts de protection intensifs, la population d'ibis à crinière continue toutefois de diminuer et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dû faire passer l'espèce d'ibis de «potentiellement menacée» à «en danger» en juillet 2024 sur la liste rouge des espèces menacées.
La protection de l'espèce continue
Cela montre une fois de plus l'importance d'une approche globale de la protection des espèces. Les efforts déployés dans l'habitat naturel des animaux ne sont souvent pas suffisants à eux seuls. Les populations d'animaux dans les zoos et leur élevage réussi contribuent donc de manière déterminante à préserver une espèce de la disparition.
Actuellement, 14 ibis à crinière vivent encore chez nous dans la forêt tropicale de Masoala. Deux femelles et cinq mâles sont les descendants de 51685. Il leur appartient donc, avec les 73 autres ibis à crinière présents dans d'autres zoos européens, de se reproduire, dans le meilleur des cas, avec autant de succès que leur ancêtre, qui a ainsi apporté une contribution importante à la protection de son espèce.