Protection des données
Prendre le numéro de compte bancaire de tous les touristes? L'Espagne fait marche arrière

L'Espagne comptait obliger ses touristes à fournir un certain nombre de données personnelles, dès le 2 décembre 2024. Mais, sous la pression du secteur touristique notamment, le pays fait finalement marche arrière.
Publié: 08.10.2024 à 18:13 heures
Le secteur du tourisme espagnol était (très) en colère contre le ministère espagnol de l'Intérieur. Voici pourquoi. (Image d'illustration)
Photo: imago/Chris Emil Janßen
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Robin Wegmüller, BliKI et Patrik Berger

Non, les touristes qui se rendent en Espagne ne seront (finalement) pas obligés de fournir plein de données personnelles, dont leur numéro de compte bancaire, en arrivant. Le gouvernement, qui comptait implémenter des contrôles supplémentaires à la fin de l’année 2024, fait finalement marche arrière sous la pression du secteur touristique notamment.

C’est ce qu’a expliqué le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska. S’il avait maintenu ces mesures, les voyageurs auraient dû fournir leurs données personnelles complètes lors de l’enregistrement à l’hôtel. Y compris dans le cas où ils louent plutôt un appartement de vacances, une place dans un camping, ou encore une voiture.

Parmi les informations ainsi demandées, auraient dû figurer l’adresse mail, le numéro de téléphone… Et le numéro de compte bancaire, comme le rapportait la «NZZ». La liste comptait quelque 42 données personnelles à livrer au total. Données qui auraient ensuite été transmises au Ministère de l’Intérieur du pays.

Une mesure contre le terrorisme?

Le ministre Fernando Grande-Marlaska avait présenté cette disposition comme une nouvelle mesure de lutte contre le terrorisme. Il s’est toutefois très vite heurté à une forte opposition, prévisible, du secteur du tourisme.

Et l’annonce a aussi fait réagit l’organisation espagnole de protection des données (AEPD). L’instance a exigé que les données des visiteurs ne soient transmises aux autorités qu’en cas de soupçons légitimes (quant à une activité illicite).

L’organisation a également critiqué, de manière générale, la grande quantité d’informations personnelles que le gouvernement espagnol espérait ainsi amasser. La date d’expiration de la carte de crédit, le numéro de compte IBAN, le nom et l'adresse de la banque… Autant de choses qui ne concernent pas l’État, selon l’AEPD.

Jusqu'à 30’000 euros d’amende

On l'a dit, de telles dispositions ont donné des sueurs froides aux différents acteurs du marché du tourisme espagnol. Ils voyaient déjà venir les temps d’attente rallongés lors des enregistrements dans les réceptions des hôtels, la charge de travail supplémentaire…

Les services de location de voitures et les agences de voyages ont vu rouge: si cette loi avait été appliquée, ils auraient dû collecter toutes ces données personnelles dès la réservation. Et, s’ils omettaient de le faire, ils auraient pu en avoir pour 600 à 30’000 euros d’amendes.

À noter que, l’année dernière, l’Espagne a enregistré 85 millions de touristes. Un chiffre qui aurait pu être impacté par de telles mesures de contrôle.

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