Le climat de Majorque s'est réchauffé. Mais ce n'est pas le vent chaud d'Afrique qui souffle sur l'île qui en est la cause. L'ambiance au sein de la population est mauvaise, car cette île de vacances très appréciée souffre de plus en plus des conséquences négatives du tourisme de masse. Jusqu'à inciter les locaux à descendre exprimer leur frustration dans la rue. Ils étaient des milliers à manifester cet été contre les touristes trop nombreux.
Et les habitants semblent avoir été entendus, puisque la politique intervient: Marga Prahens, cheffe du gouvernement des Baléares, veut moins de touristes en été. C'est pourquoi elle souhaite augmenter la taxe sur les nuitées, une sorte de version espagnole de la taxe de séjour suisse. L'objectif du gouvernement est de trouver un équilibre entre les intérêts économiques du secteur et le tourisme durable. L'argent (138 millions d'euros ont été collectés cette année) doit permettre de réaliser des projets environnementaux et de ramener enfin le calme sur l'île.
7,5 millions de touristes payent plus
Avec l'augmentation de la taxe touristique qui devrait s'appliquer à partir de la prochaine saison, c'est-à-dire à partir de septembre 2025, le gouvernement veut mieux répartir les flux de touristes sur l'année. Ainsi, la taxe sera même réduite en basse saison afin d'inciter les voyageurs à ne pas passer leurs vacances à Majorque pendant la période des vacances scolaires, soit au cœur de l'été.
Le «Mallorca Magazin» a calculé avec précision combien de touristes seront concernés. L'année prochaine, 7,5 millions de voyageurs devront mettre la main au porte-monnaie. Alors qu'à peine 400'000 voyageurs (soit 2,7% de tous les touristes) passeront des vacances moins chères.
L'ampleur de l'augmentation des tarifs sera décidée en février 2025. Aujourd'hui, les Suisses paient 4 euros par jour et par personne lorsqu'ils séjournent dans un hôtel 4 ou 5 étoiles. 2 euros s'ils louent une finca (maison de campagne typiquement espagnole) ou un appartement de vacances. Ils doivent également payer 2 euros dans les hôtels simples. Un euro est facturé dans les campings.
«Punir les touristes»
Les plans du gouvernement prévoient d'augmenter encore la taxe, surtout sur les nuitées dans les hôtels de luxe, et ce progressivement. Pour les hôtels de catégorie inférieure, comme les auberges ou les hostels, la taxe touristique devrait en revanche être réduite à un euro par nuit. La taxe sur les nuitées devrait également baisser en basse saison (de novembre à avril) afin de rendre les îles plus attrayantes en tant que destination hivernale.
Dans une première réaction, les hôteliers critiquent vivement cette augmentation. Ils dénoncent le manque de transparence dans l'utilisation des recettes. «Nous considérons l'augmentation de la taxe comme une punition pour les touristes», dit-on dans le secteur. Les loueurs d'appartements de vacances et de fincas approuvent quant à eux la mesure, car elle encourage le tourisme durable.