Profilage perpétré par la police
Des experts onusiens dénoncent un «racisme systémique» en Suisse

«La richesse moderne de la Suisse est directement liée à l'héritage de l'esclavage», selon des experts onusiens. Ils ont dénoncé mercredi un racisme systémique en Suisse ainsi que le profilage perpétré par la police.
Publié: 26.01.2022 à 15:55 heures
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Dernière mise à jour: 26.01.2022 à 21:11 heures
Le Groupe de travail de l'ONU sur les personnes d'ascendance africaine dénonce la situation du jeune délinquant Brian en détention dans la région zurichoise (archives).
Photo: ENNIO LEANZA

Lors d'une visite d'une dizaine de jours, les experts, qui ne s'expriment pas au nom de l'ONU, ont notamment rencontré le jeune délinquant récidiviste Brian en prison à Pöschwies (ZH). Cette affaire «est un exemple fort du racisme systémique», a affirmé mercredi à la presse la présidente du Groupe de travail sur les personnes d'ascendance africaine, l'Américaine Dominique Day.

Elle dénonce aussi «une culture du déni». De nombreuses personnes «ne voient pas le racisme systémique» et les personnes d'ascendance africaine devraient être associées aux discussions les concernant.

Quelques jours avant l'arrivée de la délégation, les autorités zurichoises avaient annoncé que le régime du jeune délinquant récidiviste le plus médiatisé de Suisse allait être assoupli. Le jeune Brian est enfermé 23 heures par jour dans une cellule individuelle, séparé des autres détenus.

Dans cette affaire, plusieurs accords internationaux sont violés, selon Dominique Day. Le rapporteur spécial de l'ONU contre la torture, le Zurichois Nils Melzer, avait également dénoncé cette situation.

Violences policières

Plus largement, malgré des initiatives positives, de nombreux problèmes ont été identifiés dans les déclarations préliminaires du groupe de travail. La délégation, constituée aussi de Catherine Namakula et Barbara Reynolds, cible des «humiliations» de la part des forces de l'ordre.

Elle a rencontré les proches de l'homme tué l'année dernière par la police sur un quai à Morges (VD) et a suivi plusieurs situations similaires. Le groupe de travail estime que les investigations et les poursuites contre les violences policières ne sont pas suffisamment indépendantes.

Parmi les autres reproches, le groupe de travail déplore le manque de reconnaissance du lien de la Suisse avec l'esclavage. Notamment celui des banques. Du harcèlement, des provocations ou des «mesures punitives» sont observées notamment dans les universités et les écoles. Des jeux considérés comme racistes ont notamment eu lieu.

Parmi ses recommandations, le groupe de travail demande à la Suisse de mettre un terme à l'«impunité» des forces de l'ordre par la nomination de procureurs indépendants. Il souhaite des investigations sur tous les décès observés en détention ou dans les centres d'accueil des requérants d'asile. Ou encore davantage de données ethniques pour évaluer l'importance de la discrimination raciale.

Relayant des demandes lancées par d'autres experts onusiens ces dernières années, le groupe de travail appelle à des mécanismes indépendants de plainte pour les victimes. La future institution nationale des droits humains devrait pouvoir recevoir celle-ci, selon lui, mais cette possibilité n'a pas été prévue par le Parlement fédéral.

Les experts ont rencontré des personnes d'ascendance africaine mais aussi des représentants des autorités fédérales et cantonales, des forces de sécurité, d'institutions nationales, d'ONG et des individus qui oeuvrent contre le racisme et la discrimination raciale. Le groupe de travail rendra en septembre prochain un rapport au Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

(ATS)

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