Prof décapité en France
Lourdes peines pour les amis du tueur de Samuel Paty

Deux complices de l'assassin de Samuel Paty ont été condamnés à 16 ans de prison. Deux autres accusés écopent de 13 et 15 ans pour association de malfaiteurs terroriste. La justice française frappe fort dans cette affaire qui a choqué tout le pays.
Publié: 20.12.2024 à 20:55 heures
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Dernière mise à jour: 20.12.2024 à 21:34 heures
L'assassinat de Samuel Paty avait suscité une vive émotion en France (archives).
Photo: FRANCOIS MORI
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ATS Agence télégraphique suisse

Après sept semaines d'audience, la cour d'assises spéciale de Paris a prononcé des peines sévères vendredi soir à l'encontre des accusés impliqués, à des degrés divers, dans l'assassinat du professeur Samuel Paty par un jeune islamiste radical tchétchène en 2020. Naïm Boudaoud, 22 ans, et Azim Epsirkhanov, 23 ans, amis de l'assassin qui a été tué par la police le jour de l'attaque, ont été reconnus coupables de complicité d'assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle.

La veille de l'attentat, les trois jeunes gens sont allés à Rouen, dans l'ouest de la France, pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. 

A l'audience, Naim Boudaoud et Azim Epsirkhanov ont répété que le futur tueur, Abdoullakh Anzorov, leur avait expliqué que ce couteau était «un cadeau» pour son grand-père. Le jour de l'attentat, le 16 octobre 2020, Naim Boudaoud, le seul sachant conduire, a accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l'a déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty.

Samuel Paty, un «voyou»

Si les deux jeunes gens ont constitué «le soutien logistique dont Anzorov avait besoin», il n'a pu être démontré qu'ils avaient connaissance de son projet mortifère, a indiqué le parquet qui a abandonné la complicité pour ne retenir que l'association de malfaiteurs terroriste (AMT), passible de 30 ans de réclusion.

Les deux auteurs de la «campagne de haine» contre l'enseignant, Brahim Chnina, 52 ans, et Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont pour leur part été reconnus coupable d'association de malfaiteurs terroriste (AMT) et condamnés respectivement à 13 et 15 ans de réclusion criminelle.

Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d'avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d'un cours sur la liberté d'expression où il a présenté une caricature de Mahomet, a posté des messages et une vidéo hostiles au professeur dès le 7 octobre. Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l'association (aujourd'hui dissoute) pro-Hamas «Collectif Cheikh-Yassine», a qualifié Samuel Paty de «voyou» dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu'Anzorov a vu la vidéo de Abdelhakim Sefrioui, ont souligné ses avocats, ajoutant qu'ils n'avaient pas non plus rencontré l'assassin de Samuel Paty.

Pas «d'intention terroriste»

Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui qui se sont rendus ensemble au collège de Samuel Paty le 8 octobre n'auraient pas agi de conserve, ont également avancé leurs avocats pour contester l'accusation d'AMT qui pèse sur eux. Il n'y a pas eu d'«intention terroriste», selon eux. Leur campagne numérique était «concertée», estime au contraire le parquet.

Les parties civiles avaient été outrées par les réquisitions «trop clémentes» du parquet, tandis que la défense demandait l'acquittement de la plupart des accusés en contestant l'«intention terroriste» des mis en cause. Mais la cour a fait le choix de la sévérité.

Le parquet national antiterroriste (Pnat) avait requis des peines comprises entre 18 mois de prison avec sursis et 16 ans de réclusion criminelle contre les huit accusés âgés de 22 à 65 ans. Le parquet avait demandé à la cour une requalification à la baisse des infractions reprochées à quatre des huit mis en cause.

Une femme dans les accusés

Les quatre autres accusés, dont une femme, appartiennent à la «jihadosphère» qui était en contact avec Abdoullakh Anzorov sur les réseaux sociaux. Alors qu'ils sont poursuivis pour AMT, le parquet a souhaité une requalification à la baisse des infractions pour deux d'entre eux: provocation au terrorisme et 18 mois avec sursis requis contre Priscilla Mangel, 36 ans, et apologie du terrorisme et un an de prison requis contre Yusuf Cinar, 22 ans.

Le parquet a requis 5 ans de prison dont 18 mois avec sursis contre Ismaël Gamaev, 22 ans (le seul des huit accusés à avoir reconnu sa culpabilité) et 3 ans de prison dont 2 ans de sursis contre Louqmane Ingar, 22 ans.

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