Ce sont des prévisions inquiétantes: si une pénurie d’électricité devait se produire l’hiver prochain, il n’est pas impossible que l’accès au réseau soit coupé pendant des heures, dans le pire des cas. En d’autres termes, des zones urbaines et certaines régions rurales pourraient ne plus avoir d’électricité pendant quatre à huit heures. Il ferait alors nuit noire, et surtout très froid. Le président de la Commission fédérale de l’électricité (Elcom) Werner Luginbühl conseille d’ores et déjà à la population d’acheter des bougies.
Mais l’absence de lumière et la décongélation du frigo ne seraient pas les problèmes les plus importants auxquels la population suisse devrait faire face. S’il n’y a plus d’électricité, les réseaux de téléphonie mobile et fixe cesseraient rapidement de fonctionner. Comme le confirme une note de dossier rapportée par la radio SRF et «CH Media», l’alimentation de secours actuelle de Swisscom «consiste en une heure d’autonomie sur tous les réseaux».
Des points de rencontre comme solution
Problème: il serait alors impossible de contacter les services d’urgence depuis son propre téléphone. Si un incendie se déclarait, si des cambrioleurs profitaient de la pénombre, ou encore si quelqu’un tombait à cause du manque de visibilité, les pompiers, la police et les services sanitaires ne seraient pas joignables directement. Certains cantons ont commencé à définir des «points de rencontre d’urgence». Les habitants pourraient s’y rendre à pied ou en voiture s’ils ont besoin d’aide rapidement.
«Les points de rencontre d’urgence sont équipés d’un appareil Polycom et d’une alimentation électrique de secours», explique Diego Ochsner, chef de l’Office des affaires militaires et de la protection de la population du canton de Soleure. Polycom est un réseau radio sécurisé utilisé par les autorités, permettant de passer des appels dans ce genre de situations. «En cas d’urgence, la protection civile s’installe au point de rencontre désigné et se tient à la disposition des riverains, pour appeler, par exemple, une ambulance ou les pompiers.»
Soleure a été le premier canton à mettre en place en 2019 – sur le modèle des villes allemandes – 139 points de rencontre d’urgence de ce type. «Lors d’un exercice de sécurité en 2014, où nous avons aussi bien simulé une pandémie qu’une pénurie d’électricité, nous avons remarqué que les autorités pouvaient, certes communiquer entre elles, mais que la communication avec la population n’était pas assurée», rapporte Diego Ochsner.
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Sept cantons ont rejoint le mouvement
Depuis, sept autres cantons ont suivi le modèle de Soleure. Ils se sont regroupés et répertorient tous les points de rencontre d’urgence sur un site Internet: www.notfalltreffpunkt.ch. Les Soleurois, les Bernois, les Saint-Gallois et les Argoviens, les Nidwaldiens, les Lucernois, les Schaffhousois, les Zurichois, ainsi que les habitants de la ville de Zoug peuvent y entrer rapidement et facilement leur adresse et obtenir la position du point de rencontre le plus proche. La plupart du temps, il s’agit d’écoles, d’installations sportives ou de salles polyvalentes.
En Suisse romande et dans les autres régions alémaniques, une telle offre fait encore défaut. Le Valais se penche actuellement sur la question. «De notre point de vue, l’idéal serait que davantage de cantons participent, et que la Confédération prenne en charge le site web, souligne Diego Ochsner. Malheureusement, nous en sommes encore loin.»
La Confédération ne veut pas en entendre parler pour l’instant. «Ce sont les cantons qui sont compétents en la matière», répète-t-on. Du côté de l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP), on mise sur l’application Alertswiss lors d’une éventuelle situation d’urgence. Une app qui fonctionne exclusivement grâce réseau de téléphonie mobile. L’OFPP conseille de se procurer une radio à piles. C’est par ce biais que les autorités informeraient la population en cas de crise.
(Adaptation pour Lliana Doudot)