Quitter le nid n’est jamais facile, en particulier pour la petite chouette chevêche d'Athéna. C'est la conclusion d'une étude de la Station ornithologique suisse, rendue publique ce mardi 10 décembre, qui porte sur l'oiseau symbole de la déesse grecque de la guerre et de la sagesse, qui peut vivre un peu plus de dix ans.
«Pour une chevêche d’Athéna, la première année est piégeuse: elle n’aura qu’une chance sur six de survivre jusqu’à sa première reproduction», détaille le communiqué de presse au sujet de ces petits rapaces d'une vingtaine de centimètres. En somme, plus de 80% des chouettes ne fêtent pas leur premier anniversaire. On en dénombre aujourd'hui 150 couples nicheurs en Suisse, selon le portrait dressé par la station d'étude des oiseaux.
Près de 300 chouettes baguées
L'institution centenaire fondée en 1924 – basée à Sempach, dans le canton de Lucerne – a équipé «près de 300 jeunes chouettes d’émetteurs». Les chevêches vivant dans l’arrondissement de Louisbourg, en Allemagne du Sud, ont été observées durant leur première année de vie.
«Le but de cette étude était de découvrir ce qu’il advenait des chevêches une fois le territoire parental délaissé et de suivre leurs premiers battements d’ailes vers l’indépendance», relate le communiqué. Les premières semaines sont les plus délicates. Le taux de mortalité «est à son paroxysme» car les jeunes chevêches inexpérimentées constituent «des proies faciles pour les martres ou d’autres rapaces nocturnes».
Quel habitat pour cet oiseau en Suisse?
Une fois cette étape passée, un hiver «rude et enneigé» peut également s'avérer mortel. Le choix d'un habitat de qualité est alors primordial. «Les données indiquent que deux tiers des chouettes utilisant un biotope approprié offrant suffisamment de nourriture survivent aux trois premiers mois», a calculé l'observatoire suisse des oiseaux. Moins de la moitié des spécimens survivent dans un milieu dit «mauvais».
L'animal, désigné «oiseau de l'année» en 2021, était présent sur tout le Plateau suisse jusque dans les années 1950. Mais depuis, sa population a fortement diminué «en raison du boom de la construction et surtout de l’intensification de l’agriculture», explique l'association BirdLife. Pour aider à sa conservation, la Station ornithologique préconise «une agriculture extensive (ndlr: donc pas intensive), des vergers haute-tige et des petites structures, telles que des tas de bois et de pierres».