La peur d’une pénurie d’électricité est désormais palpable. L’industrie en particulier tremble et demande de plus en plus de mesures efficaces en cas de black-out.
Le black-out financier semble d’ores et déjà inévitable pour un grand nombre d’entreprises: pour les 24’000 entreprises qui achètent leur électricité sur le marché libre et qui ne peuvent pas se soustraire à l’explosion des prix, qui ont été multipliés par dix ou quinze.
Elles ne peuvent plus répercuter les coûts faramineux de l’énergie sur leurs produits sans perdre en compétitivité. Certaines sont au bord de la faillite. Des mesures concrètes doivent maintenant être mises sur la table, et ce immédiatement, exige l’industrie.
Plan d’urgence en préparation
Mercredi, le ministre de l’Economie Guy Parmelin et la ministre de l’Energie Simonetta Sommaruga se sont présentés devant les médias et ont esquissé une partie de leur plan d’urgence. Aux yeux de l’économie, il manque toutefois de l’urgence requise.
Ainsi, la Confédération, l’économie et les particuliers devraient consommer 15% de gaz en moins l’hiver prochain afin de prévenir une situation de pénurie. Une responsabilité individuelle volontaire. Si cela ne suffit pas, des interdictions de consommation seront prononcées. Ce qui ne serait toutefois possible que si la Confédération déclarait officiellement la pénurie. Mais pour l’instant, il s’agit d'«autodiscipline et de frugalité», comme l’a souligné Guy Parmelin devant les médias.
Mesures concrètes à partir de la semaine prochaine
Le Conseil fédéral ne présentera des mesures concrètes que la semaine prochaine. Il s’agit avant tout de clarifier la question épineuse de savoir où le courant sera encore fourni en cas de rationnement. Et si et comment l’industrie doit être indemnisée en cas de pertes de production.
De nombreuses entreprises – dont les fournisseurs d’énergie eux-mêmes – critiquent le fait qu’elles ne savent pas quelles restrictions s’appliquent à qui et quand en cas de pénurie. «Ce n’est pas notre intention de laisser les entreprises dans le noir», répond à Blick le ministre de l’Economie. Les mesures prévues sont connues dans les grandes lignes.
Mercredi prochain, le Conseil fédéral mettra en consultation les mesures concernant le gaz. «La date d’entrée en vigueur de ces ordonnances dépendra de la crise. J’espère que nous n’en aurons jamais besoin», souligne le ministre. Les mesures proposées dans le domaine de l’électricité ne devraient pas tarder à suivre.
Appel à l’aide d’Economiesuisse
Vendredi, Economiesuisse a déjà fait monter la pression sur le gouvernement du pays. L’organisation faîtière de l’économie a publié un catalogue de revendications qui se lit comme un appel à l’aide des entreprises pendant la pandémie.
En substance, Economiesuisse demande un accès simple au chômage partiel pour les entreprises. Il faut s’attendre à ce que certaines entreprises doivent suspendre leur production en raison de la hausse rapide des prix de l’énergie. En outre, la Confédération doit accorder des crédits de transition aux entreprises qui se retrouvent dans une situation de manque de liquidités.
Guy Parmelin ne semble pas hostile aux exigences de l’association économique faîtière. Il déclare: «Le chômage partiel nous a accompagnés à travers de nombreuses crises et est également prêt à affronter les prochaines». Il ajoute que le groupe de travail de la Confédération mis en place pour traiter ces questions effectue un monitoring permanent de la situation et examine des options au cas où il serait nécessaire d’agir. «Le Conseil fédéral se penchera à nouveau sur ce sujet lors de ses prochaines séances», promet-il.
Cela ne suffit pas!
Pour la Communauté d’intérêts des industries à haute intensité énergétique (IGEB), cela ne suffit pas. Son président Frank Ruepp demande aussi «un assouplissement du droit du travail, car il faudra éventuellement travailler selon d’autres modèles de travail et d’équipes», comme il l’explique à Blick. L’IGEB représente entre autres les intérêts des fonderies et des fabricants de papier.
En outre, Frank Ruepp demande un assouplissement temporaire de l’ordonnance sur la protection de l’air, «car si l’on passe du gaz au pétrole, les objectifs de réduction des émissions de CO2 ne seront plus atteints et cela entraînera des coûts supplémentaires considérables». Mais surtout, les gros consommateurs doivent être indemnisés s’ils réduisent leur consommation d’électricité.
Par ailleurs, les entreprises doivent avoir la possibilité de partager leurs contingents sur une plateforme commerciale privée. Le président ajoute: «Cela implique que les entreprises puissent négocier les contingents à l’échelle suprarégionale et dans différentes zones de réseau. Mais jusqu’à présent, il manque des conditions-cadres claires pour cela.»
Coop et Migros sur la réserve
Les groupes alimentaires sont plus réservés quant à leurs revendications. Le porte-parole de Migros, Tristan Cerf, déclare toutefois clairement: «La Confédération est consciente du rôle particulier de Migros en ce qui concerne l’approvisionnement du pays.»
Coop aussi reste discrète. «Nous sommes en contact étroit avec les autorités fédérales», déclare timidement la porte-parole Melanie Grüter. «Nous avons fait des propositions pour créer les bases qui nous permettront de remplir notre mission d’approvisionnement même dans des conditions aussi exigeantes.» Les deux grossistes ne veulent pas davantage s’exprimer sur les détails.