Au bout du fil ce mercredi 27 décembre, l’embarras est palpable. Même si le service de presse des Rencontres 7e Art — qui compte plusieurs acteurs institutionnels à l’instar de la Ville de Lausanne, l'Université de Lausanne (UNIL) ou encore L'École cantonale d'art de Lausanne (ECAL) dans la liste de ses sponsors et partenaires — promet qu’il transmettra la demande d’interview de Blick au fondateur de la manifestation, Vincent Perez.
Une requête que l’on peut résumer à une seule question, fondamentale: pourquoi l’acteur et réalisateur suisse fait-il partie de la soixantaine d’artistes à avoir paraphé la très controversée tribune de soutien à Gérard Depardieu, publiée dans «Le Figaro»? Pour mémoire, le géant du grand écran est accusé de viols. Présumé innocent, le septuagénaire a par ailleurs été filmé en train de sexualiser une cavalière d’une dizaine d’années («Si jamais [son cheval] galope, elle jouit»), lors d’un voyage en Corée du Nord daté de 2018.
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Sans surprise, la gêne se confirme ce jeudi matin. Vincent Perez, «qui a signé ce texte en son nom propre», se ressource durant les Fêtes et ne s’exprimera par conséquent pas à ce sujet, nous fait-on poliment savoir. Par contre, si intérêt pour la programmation de la 7e édition du festival (du 7 au 17 mars 2024) lové dans la capitale vaudoise, des entretiens sont envisageables. Merci, mais on repassera.
Proche de Depardieu
Il faut dire qu’actuellement, les journées de la vedette — dont «Libération» a tiré le portrait en début de semaine — sont particulièrement denses. «Une affaire d’honneur», le long qu’il a réalisé et dans lequel il joue aux côtés de Dora Tillier et de Guillaume Gallienne, vient tout juste de sortir dans les salles obscures. Peut-être, aussi, que le presque sexagénaire qui partage la vie de Karine Silla, actrice qui a eu une fille avec Gérard Depardieu par le passé, sait pertinemment que toutes les publicités ne sont pas bonnes à prendre.
L’enfant du Gros-de-Vaud, César du meilleur espoir masculin pour «Cyrano de Bergerac» avec «Gégé» dans le rôle-titre en 1990, César du meilleur acteur dans un second rôle pour «Le Bossu» en 1998 puis l’année suivante pour «Ceux qui m’aiment prendront le train», connaît bien le monde médiatique. Auréolé d’une longue carrière sur les planches des théâtres ainsi que devant et derrière la caméra, l’homme sait attirer à lui la lumière. Mais aussi visiblement la fuir quand la polémique devient trop puante.
L'homme et l'artiste
Une discrétion de Sioux qui contraste avec ses mots tapageurs. Ceux décochés en compagnie de l’ensemble des personnalités qui volent au secours de «l'ogre», éructant à propos de sa «bite», de sa «poutre dans le caleçon» et de leur «chatte» auprès de plusieurs femmes croisées lors de ses tribulations chez le dictateur Kim Jong-un. Comme le démontrent sans aucune ambiguïté les extraits dévoilés par les équipes de «Complément d’enquête».
Toutes les étoiles qui ont apposé leur griffe — Pierre Richard, Gérard Darmon, Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle ou encore Jacques Dutronc — ne se contentent pas de rappeler le principe de présomption d’innocence. Après avoir dénoncé le «lynchage» dont serait victime «le dernier monstre sacré du cinéma», elles osent un amalgame: «Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque.»
Pour revenir à l’actualité la plus chaude de Vincent Perez, la plupart des critiques prêtent à sa dernière œuvre — dans laquelle «il se donne un rôle de beau salaud», écrit «Le Figaro» — «des accents féministes». Sans préciser si, là, l’homme est séparé de l’art(iste).