De grandes couronnes de fleurs recouvrent le cercueil d’Ardit*. Tout autour, sa famille et ses proches sont réunis, un grand portrait posté sur l’ensemble fleuri. «R.I.P. Ardit», y est-il écrit. Le jeune homme, âgé de 20 ans, a été poignardé lors d’une bagarre entre deux groupes rivaux dans une station-service de Geuensee (LU), il y a une semaine.
Plus de 1000 personnes étaient présentes à ses funérailles, mercredi à Nabërgjan, au Kosovo, son pays d'origine. Ardit N. était chauffeur routier. La police, qui a arrêté sept personnes dans l’affaire, cherche encore à savoir qui a porté le coup de couteau fatal.
Venus du monde entier pour un dernier hommage
Un grand nombre de ses amis, connaissances et membres de la famille sont rentrés au pays pour lui rendre un dernier hommage. Beaucoup sont venus de Suisse, mais aussi d’Allemagne, de Suède et des États-Unis. «Ils sont venus pour soutenir la famille», explique son oncle Ali, qui a envoyé à Blick les photos des funérailles, avec l’accord du reste de la famille.
À 17h, le cercueil d’Ardit est mis en terre et les larmes coulent sur bien des visages. L'histoire de cette bagarre qui a mal tourné, samedi dans le canton de Lucerne, résonne dans tous les esprits. Que s’est-il passé pour qu’un différend sur un système de ventilation et une question de dettes mènent à cet acte terrible?
Un conflit entre propriétaires d’un café dégénère
Tout commence dans un café lucernois, tenu par un certain Bekes**. Sa mère, Helin**, raconte l’histoire pour Blick.
«Celui qui a causé la bagarre est l’ancien propriétaire du café», raconte-t-elle. Lors de la transmission de l’établissement, des tensions sont apparues entre lui et son fils Bekes. Une histoire de dettes serait en cause. «L’ancien proprio voulait récupérer de l’argent qu’il avait investi dans l’établissement. Il l'a reçu en septembre», explique Helin. Mais il restait des points de dissension. «Il continuait à venir au café, parfois avec sa femme et son fils, et cela se terminait toujours en dispute.»
Samedi dernier, le jour du drame, une énième altercation a eu lieu. «Ce n’était pas une question d’argent, cette fois-ci, poursuit Helin. Il s’agissait du système de ventilation. La femme et le fils sont arrivés et voulaient le démonter pour l’emporter avec eux.»
«On va revenir avec mes sept oncles!»
Le ton est rapidement monté. Bekes et son frère finissent par mettre la femme et le fils dehors. Alors qu’ils montaient dans la voiture, ce dernier lui aurait crié: «On va revenir avec mes sept oncles pour vous tuer!»
Bekes reçoit alors un appel de l’ancien propriétaire, lui demandant de le rejoindre à la station-service. «Pour discuter.» Par sécurité, Bekes s'y rend avec son frère et plusieurs de leurs collègues de travail et amis. Parmi eux, Ardit.
Guet-apens à la station-service
Quand ils arrivent à la station-service, c’est un véritable guet-apens qui les attend. Une dizaine de personnes leur tombe dessus. Une violente bagarre commence, à coups de pierres, de bâtons, de marteaux et de couteaux.
Helin raconte: «Bekes m’a appelé pour me dire qu’il y avait des blessés et qu’un collègue l’emmenait à l’hôpital. Il avait très peur.»
Bekes n’a pas vu ce qui est arrivé à Ardit, trop occupé à se battre pour sa vie. Ce qui est certain, c’est qu’un coup de couteau fatal a fini par fuser. À la fin de la bagarre, Ardit était au sol, inanimé.
Frappé à la tête avec un marteau
Les circonstances exactes ne sont pas encore claires. Plusieurs collègues de Bekes qui ont participé à la bagarre se trouvent encore à l’hôpital et pourront offrir des réponses à leur sortie. Pendant ce temps, l’enquête de la police est toujours en cours.
Bekes est lui aussi toujours hospitalisé. «Il a été frappé à la tête avec un marteau», continue Helin. Ce n’est pas tout: il a reçu plusieurs coups de couteau au cou et aux bras. Le deuxième fils d’Helin a été blessé au bras et à l’épaule et est actuellement en détention.
Elle se dit particulièrement désolée pour la famille d’Ardit. «Il s’est fait tuer par des gens qu’il ne connaissait même pas.»
Une mer de bougies sur le lieu du drame
Nabërgjan n’est pas le seul endroit où l’on rend hommage à Ardit. Sur les lieux du drame, à Geuensee, les gens ont allumé de très nombreuses bougies en mémoire du défunt, accompagnées de photos de lui.
Les parents et les amis d’Ardit ont prévu de rester au Kosovo jusqu’à dimanche. Qu’il repose en paix: «Prehu ne paqe, Ardit!»
*Nom connu de la rédaction
**Prénom d’emprunt