Dans une interview accordée à la «Sonntagszeitung», Meret Schneider a demandé que certains réseaux sociaux comme X, Instagram ou Facebook soient contrôlés de façon plus stricte, pour éviter la désinformation et l'incitation à la haine. Dans des cas exceptionnellement graves, le blocage de ces plateformes devrait même être une possibilité, selon elle.
Ces exigences se basent par exemple sur l'attitude d'Elon Musk. Le propriétaire de X a été appelé par Trump comme conseiller au sein du gouvernement américain et soutient désormais publiquement le parti allemand d'extrême droite AfD. De nombreux politiciens, dont Meret Schneider, y voient un réel danger pour la démocratie: «Comme il s'agit de sa plateforme, ses posts xénophobes qui profitent à l'AfD sont largement mis en avant, alors que les contenus qui présentent une idéologie inverse sont réprimés. Aujourd'hui, cela concerne l'Allemagne, mais dans quelques années peut-être les élections en Suisse.» Suite à ses critiques, une véritable vague de haine s'est abattue sur la conseillère nationale.
Un véritable «shitstorm»
Le portail allemand de désinformation Disclose.tv a diffusé sur X ces déclarations de Meret Schneider, après les avoir sorties de leur contexte. Un post partagé à de nombreuses reprises par les utilisateurs. Les colonnes de commentaires, dégoulinant d'insultes et de messages haineux, attaquent principalement son physique. Meret Schneider souffrant depuis longtemps de troubles du comportement alimentaire.
C'est ce qu'on appelle un «shitstorm», un mot issu du lexique d'internet et qui désigne un déferlement de commentaires et réactions haineuse en ligne. Entre-temps, le sujet a même été repris par les médias américains et russes, comme Meret Schneider elle-même l'a fait savoir sur X. «Au moins, je ne comprends pas un seul de ces commentaires haineux», commente l'élue suisse-allemande.
Mais comment faire face à l'afflux soudain de tant de propos immondes? Le 17 février, Meret Schneider réagissait encore aux commentaires haineux isolés sur X, d'une manière à la fois calme et déterminée. Elle écrit ainsi à un utilisateur: «Chers hommes qui m'écrivez actuellement pour me dire à quel point vous me trouvez infréquentable, cela vous étonnera peut-être, mais je n'ai aucun intérêt sexuel pour vous, si cela peut vous rassurer.» Mais dans cette situation extrême, la députée des Vert-e-s ne souhaite pas tirer davantage sur la corde: «Amis, continuez de vous amuser, moi je serai absente pendant un certain temps.»
Vague de solidarité
La solidarité de certains utilisateurs de X reste cependant une petite consolation. Sur la plateforme, de nombreux utilisateurs se sont déclarés en faveur des revendications de Meret Schneider, s'engageant à ses côtés contre les discours de haine et la désinformation. Parmi eux, plusieurs parlementaires.
Fait étonnant, ce sont surtout des personnalités du Centre qui ont manifesté leur soutien. Ainsi, le président du Centre Gerhard Pfister a écrit dans un article: «Beaucoup d'ennemis, mais beaucoup d'honneur.» Selon lui, les critiques émises de plusieurs côtés à l'encontre de sa personne ou de ses opinions prouvent que l'on est pris au sérieux par ses adversaires.
Les conseillères nationales du Centre Nicole Barandun et Maya Bally se disent, elles aussi, choquées par cette vague de haine disproportionnée. La seconde en particulier a eu des mots forts pour qualifier cet évènement: «Elle n'a reçu aucun contre-argument, uniquement des insultes et des menaces de la pire espèce.» Reste à savoir quand et si Meret Schneider s'exprimera à nouveau sur cet incident et par quel moyen. Contactée, elle n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Le cas de Meret Schneider montre que le thème de la régulation des réseaux sociaux est particulièrement polarisé. Pourtant, il existe déjà une loi de régulation au sein de l'Union européenne depuis 2022: le Digital-Services-Act (DSA). L'objectif aurait été que la Suisse élabore, elle aussi, une loi en 2023, inspirée de la DSA. Mais le conseiller fédéral Albert Rösti, membre de l'Union démocratique du centre (UDC) a déjà repoussé ce projet à plusieurs reprises. Les débats risquent d'être houleux dans le cadre de ce projet de loi.