Les faits remontent à bientôt deux ans: au printemps 2020, le monde plie face aux assauts du coronavirus. Tout le trafic touristique international est mis à terre et les ressortissants helvétiques sont invités à rentrer au pays avant que les frontières ne ferment.
Pour de nombreux voyageurs, ce n'est plus possible: l'intervention du Département fédéral des Affaires étrangères est la seule porte (d'embarquement) de salut. Ce sont 35 vols charters qui rapatrient 4100 Suisses bloqués — la plus grande opération de rapatriement jamais mise sur pied.
Dix millions de francs avancés
L'opération fonctionne, mais laisse une question en suspens: qui va payer? La donne est clarifiée assez vite avec une décision du DFAE: la Confédération prend en charge 20%, le solde est à la charge du voyageur. Au total, la Suisse a avancé 10 millions de francs.
Se faire rembourser cet argent n'est pas chose facile, a-t-on appris il y a quelques mois. Dès l'été dernier, les premiers articles de presse rapportaient que de nombreux Suisses ont dû être mis aux poursuites en raison de cette facture, certains demeurant introuvables.
Ce sont 1700 douloureuses qui ont été envoyées par les services d'Ignazio Cassis. Cette opiniâtreté a porté ses fruits: sur les 7,5 millions en suspens, 7 ont pu être remboursés. Le solde est en suspens. «La Confédération va laisser 210'000 francs dans l'opération», concède à Blick le porte-parole du DFAE Pierre-Alain Eltschinger.
Une procédure qui s'éternise
Les raisons de ce trou sont multiples. Parfois, le DFAE n'a pas pu retrouver les débiteurs en raison d'indications d'adresse erronées. Dans d'autres cas, les personnes rapatriées sont devenues introuvables. «À l'étranger, il n'y a pas d'acte de défaut de biens — si la procédure de recouvrement échoue ici, le DFAE doit abandonner la créance», explique le responsable.
Les efforts du DFAE ne sont pas encore tout à fait terminés. Selon le porte-parole, certains débiteurs ont demandé des paiements échelonnés.
Des dizaines de cas de recouvrement sont encore actifs, si bien que la date de clôture de la procédure n'est pas claire. «Certains débiteurs sont domiciliées à l'étranger, ce qui complique encore les choses.»